Françoise NORE

Françoise NORE

L'accord du participe passé sans auxiliaire


L'accord du participe passé sans auxiliaire

 

Fini et terminé placés à la tête d'une phrase

 

     Il est assez courant d'hésiter au sujet de l'accord d'un participe passé placé au début d'une phrase. Or, pour les participes fini et terminé, la règle est assez simple : ces participes s’accordent avec le nom qu’ils accompagnent si le sens de la phrase permet cet accord. Dans l'exemple suivant, ce sont bien les soucis qui sont finis, et le participe est donc variable puisqu'il apparaît comme un attribut du nom :

 

          Finis, les soucis !

 

     Mais si l'on considère que fini est une ellipse de l'expression C’est fini, il doit être invariable. Dans la phrase suivante, ce qui est fini, c'est la présence de taches incrustées à vie et non les taches elles-mêmes, car on ne peut dire d'une tache qu'elle est finie :

 

          Fini, les taches de sauce tomate incrustées à vie !

 

     Théoriquement, terminé devrait suivre cette règle du choix entre la variabilité et l'invariabilité, mais il est généralement variable :

 

          Terminés, les soucis ?

 

 

 

Le cas des autres participes passés

 

     En ce qui concerne les autres participes passés ou locutions participiales utilisés au début d'une phrase, la règle est plus subtile et donc plus difficile à manier.

 

     Si l'on considère qu'ils ont un rôle et un fonctionnement de préposition, et s'ils sont d'ailleurs remplaçables par une préposition, les participes passés ou locutions ci-dessous sont invariables dans les trois cas suivants : s'ils se trouvent au début d'une phrase, s'ils précèdent un nom accompagné ou non d'un article, ou bien s'ils sont employés seuls :

 

     approuvé, attendu, certifié, communiqué, compris (ainsi que non compris et y compris), entendu, étant donné, excepté, excepté que, fourni, lu, mis à part, ôté, ouï, passé, quitté, reçu, supposé, vu.

 

          Passé sept ans (= après sept ans), les enfants savent lire couramment.

          Toutes ses filles sont mariées, excepté la plus jeune (= sauf la plus jeune).

 

     On notera que, dans l'usage littéraire, passé est assez souvent accordé avec le nom qui le suit :

 

          Passées les courses de feria, il me faudra revenir (Montherlant cité par Grevisse).

 

     Toutefois, certains de ces participes passés peuvent être variables s'ils sont ressentis comme des participes passés de sens plein :

 

          Mises à part mes meilleures amies, personne n'a téléphoné.

 

     Ils sont également variables lorsqu''ils sont placés après le nom :

 

          Toutes ses filles sont mariées, la plus jeune exceptée.

          Mes meilleurs amies mises à part, personne n'a téléphoné.

 

     Mais ce n'est pas le cas pour tous ces participes et locutions ; certains d'entre eux, ne pouvant ni commuter avec une préposition ni être déplacés, demeurent des participes invariables :

 

          Étant donné les circonstances, nous n'irons pas voter.[1]

 

 

 

Le cas de ci-annexé, ci-inclus et ci-joint

 

     Les locutions participiales ci-annexé, ci-inclus et ci-joint sont variables lorsqu'elles sont épithètes et qu'elles suivent immédiatement le nom qu'elles accompagnent :

 

          Veuillez remplir la déclaration ci-jointe.

          Ne communiquez à personne les pièces ci-jointes, c'est secret défense.

 

     Elles sont également variables lorsqu’elles sont attributs du sujet ou d'un pronom relatif, ou bien si elles sont mises en apposition, même si cette structure est relativement rare :

 

          Votre lettre est ci-jointe.

          Ci-incluses, ces pièces vous sont communiquées pour information.

          Retournez-moi les formulaires que vous trouverez ci-annexés.

         La lettre que vous trouverez ci-incluse vous fournira les renseignements désirés.[2]

          Vous trouverez, ci-incluse, la meilleure offre que nous pouvons vous faire.[3]

 

     Mais ces locutions sont invariables quand elles précèdent un groupe nominal, surtout si celui-ci n'a pas d'article. On considère alors qu'il n'y a pas ici de mise en apposition :

 

          Ci-joint copie des écoutes téléphoniques demandées par le ministre.

          Vous trouverez ci-joint une copie des écoutes ordonnées par le président.

 

 

 



[1] Les textes littéraires anciens fournissent plusieurs exemples dans lesquels étant donné est accordé, mais c'est l'invariabilité qui prévaut aujourd'hui en la matière.

 

[2] On rencontre parfois la locution ci-attaché, mais il s'agit là d'un anglicisme qu'il convient d'éviter.

 

[3] Normalement, lorsque l'on parle d'un document mis sous enveloppe, il vaut mieux utiliser ci-inclus plutôt que ci-joint.


16/10/2014
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