Par contre
Par contre
Des dizaines de pages ont été écrites sur la locution adverbiale par contre. Cette expression a certes été employée par de grands écrivains mais elle est considérée comme fautive, vu qu'il s'agit d'un attelage de deux prépositions. De ce fait, le bon usage recommande d'utiliser la locution adverbiale en revanche chaque fois que cela est possible.
En ce qui concerne le sens, on notera que par contre est employé avec le sens de "par opposition", tandis que en revanche induit une idée de victoire sur une adversité, une compensation, un profit, un événement positif ou senti comme tel par le locuteur.
De ce fait, il est des cas où l'idée de conquête, d'événement satisfaisant contenue dans en revanche, interdit l'utilisation de cette locution. Dans un exemple resté célèbre, André Gide s'interrogeait sur la pertinence de l'énoncé suivant, prononcé par une femme : "Mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre ; en revanche j’y ai perdu mes deux fils". On comprend aisément que la locution en revanche n'est pas adaptée dans cette phrase. Pour remédier à cette étrangeté, on pourrait dire j'ai perdu mes deux fils à la guerre ; en revanche mon frère et mon mari en sont revenus saufs. Une autre solution consiste tout simplement à utiliser la conjonction mais : mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre, mais j'y ai perdu mes deux fils. Ce qui évite d'utiliser le par contre plutôt laid.
Il existe plusieurs locutions pour éviter par contre lorsque le contexte sémantique interdit l'utilisation d'en revanche ; on peut employer à l'inverse, au contraire, à l'opposé, etc., expressions tout à fait correctes : mon petit frère a de bonnes notes en français ; à l'inverse, ses résultats en mathématiques sont déplorables. Sens et grammaire sont donc préservés, ce qui est plutôt réjouissant.
Cet article est extrait de l'ouvrage suivant :
Dictionnaire du bon français contemporain, avec des exemples effrontés et des commentaires insolents