Françoise NORE

Françoise NORE

Soutenir et supporter


Soutenir et supporter

     Cela fait maintenant plus d'un demi-siècle que les Français supportent une équipe, un coureur, un sportif. En effet, le verbe supporter avec le sens de "soutenir un sportif ou une équipe" est attesté pour la première fois en 1963. Ne sont-ils point fatigués, depuis tout ce temps, de porter cette charge ? On aura compris que supporter ne devrait normalement pas s'employer avec ce sens, et on aura deviné qu'il s'agit là d'un anglicisme dérivé du verbe anglais to support "soutenir, encourager". Donc, si l'on veut parler un bon français, on emploiera le verbe soutenir, qui est parfait.

 

     L'utilisation de supporter "soutenir" peut en outre créer de l'ambiguïté. Une phrase comme Cette équipe, il faut vraiment la supporter peut être comprise de deux façons : "il faut vraiment l'encourager" ou bien "on n'a pas le choix, il faut l'endurer". Bien sûr, le contexte aide généralement à comprendre le sens de la phrase, mais il est des cas où il est difficile de trancher. On adoptera donc soutenir dans le langage sportif et, pour d'autres faits de société, appuyer, parrainer, etc.

 

     Mais supporter "soutenir" n'est pas arrivé seul ; il vint accompagné du supporteur, francisation de l'anglais supporter "partisan". Admettons que, si soutenir convient tout à fait pour remplacer supporter, il semble difficile de désigner le partisan d'une équipe ou d'un sportif du nom de souteneur. Soit un commentateur disant, durant une retransmission en direct : comme vous l'entendez, les souteneurs emplissent le stade de leurs chants. Cela serait très étonnant. On peut donc tolérer supporteur, mais on pensera aussi aux noms français que sont partisan, adepte, admirateur, sympathisant : le candidat à l'élection comptait de nombreux sympathisants dans la salle.

 

     Enfin, on évitera d’employer le nom support au lieu des noms aide, appui, assistance, soutien ; on ne parlera pas du support technique d'un fabricant mais de son assistance technique. On n'apporte pas non plus son support à une action mais son appui ou son aide, voire son parrainage.

 

 

Cet article est extrait de l'ouvrage suivant :

 

Dictionnaire du bon français contemporain, avec des exemples effrontés et des commentaires insolents

 

 

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15/03/2016
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