Famille de "legere" (lire)
Ne jamais négliger la lecture
Il est assez fréquent qu’un mot latin ait une descendance nombreuse en français ; toutefois, la famille lexicale analysée dans cet article est probablement l’une des plus riches en dérivés, comme cela va être montré.
L’ancêtre de la famille qui fait l’objet de la présente étude est le verbe latin legere[1], qui signifia d’abord « cueillir, recueillir », puis « lire ». Cette évolution sémantique s’est probablement faite selon un processus métaphorique, pour reprendre l’hypothèse suggérée par Ernout et Meillet[2] : à partir d’expressions comme legere oculis « assembler [les lettres] par les yeux », on parvint à l’idée de « lire ». Et c’est avec ce sens de « lire » que, vers 1050, legere est devenu lire en français. Lire est donc ancien, et il est en outre le doyen des enfants français de legere, car celui-ci a donné de multiples mots à notre langue.
Les négligents devraient faire une sélection
Parmi les nombreux dérivés de legere par préfixation, on compte le verbe neglegere « ne pas s’occuper de ; négliger », qui passa directement en français sous la forme négliger, attestée vers 1200.[3] Citons également le verbe seligere « trier, choisir et mettre à part », dont le radical de supin donna le nom selectio « choix, tri », adapté en français sous la forme sélection, attestée dans un texte de 1609 au pluriel et avec le sens de « morceaux choisis ». Du temps passa et, en 1801, sélection est enregistré avec le sens de « choix opéré parmi des choses dont on rejette la plupart ». On notera que ces deux attestations sont isolées et que sélection ne devint usuel en français qu’à partir du milieu du XIXe siècle : on le rencontre alors dans un texte de 1857 où il désigne le processus d’élimination et de choix auquel on peut recourir dans l’élevage et dans la culture. Cet emploi bien précis de sélection est en quelque sorte un anglicisme, puisqu’il découle de l’expression natural selection que l’on doit à Darwin. Plus tard, en 1887, sélection nommera aussi l’ensemble de personnes ou de choses obtenu par ce processus. Enfin, en 1932, sélection s’éloigne des sciences, descend dans l’arène et s’applique au monde du sport. Il était temps ; la première Coupe du monde de football avait eu lieu deux ans auparavant, et il convenait d’évoquer correctement un groupe de joueurs qualifiés pour une compétition.
Soyez diligent, l’élégant !
La connaissance des dérivés de legere peut rendre intelligent : legere eut en effet pour fils le verbe intellegere « comprendre », dont le participe présent intelligens fut employé en tant que nom en latin avec le sens de « connaisseur ». En 1420, le français l’adapta sous la forme intelligent, avec le sens de « celui qui connaît bien un art ou une technique ». Ensuite, en 1488, intelligent signifia « qui a la faculté de connaître », avant de prendre la signification qui nous est familière de « qui a la faculté de comprendre ».
D’ores et déjà, on constate que legere eut un grand nombre de descendants. Et la liste en est loin d’être close. Legere servit également à la construction[4] du verbe diligere « choisir », d’où « distinguer, aimer », dont le participe présent, diligens, avait pour sens « empressé, soigneux, qui aime ». Le français, avide d’enrichissement lexical, emprunta diligens durant la seconde moitié du XIIIe siècle et le francisa ; diligent « empressé » était né.
Grâce à l’abondante littérature léguée par nos ancêtres romains, nous n’ignorons guère de choses du lexique latin, ce qui n’est bien sûr pas pour contrarier les étymologistes. Mais, parfois, un chaînon lexical peut manquer : il arrive en effet que l’on ne possède pas d’attestation pour un mot qui a nécessairement pris place, dans la continuité dérivationnelle, entre un mot latin de base et un autre mot incontestablement affilié à celui-ci. Et c’est ce qu’il s’est produit pour l’un des descendants de legere ; ce dernier eut forcément un verbe associé de type intensif duratif[5] dont on ne possède pas d’attestation mais dont la réalité est validée par l’existence du participe présent elegans « qui sait choisir » et « bien choisi, élégant » : entre legere et elegans, il y eut nécessairement un verbe dérivé de legere, de forme *legare ou *elegare, qui est le chaînon manquant puisqu’un participe présent ne peut provenir que d’un verbe. Au demeurant, et comme on peut l’imaginer, elegans est à l’origine de notre élégant, attesté avec le sens de « raffiné, de bon goût » dans un manuscrit du XIVe siècle.
On remarquera que, de tous les verbes latins dérivés de legere présentés ici, seul neglegere a donné un verbe en français, les autres nous ayant fourni des noms ou des adjectifs.[6]
Les élites ont volé l’élection !
Legere eut encore d’autres dérivés, parmi lesquels eligere, qui signifiait « choisir ». Eligere donna naissance au nom electio, qui avait pour sens « choix » et qui fut emprunté par le français sous la forme élection. Attesté vers 1135 avec le sens de « à son choix », élection prit peu après, en 1155, le sens de « choix par voie de suffrage de quelqu’un pour une fonction ».
Mais eligere ne s’arrêta pas en si bon chemin. Le latin vulgaire[7] le modifia en exlegere, toujours avec le sens de « choisir », et c’est exlegere qui donna naissance au français eslire, attesté vers l’an 1100 avec le sens de « choisir », puis vers 1207 avec celui de « nommer », avant de prendre enfin la forme élire. Bien sûr, eslire avait un participe passé. Celui-ci eut tout d’abord la forme eslit, créée d’après le participe passé latin electus et employée du XIIe au XVIe siècle. Substantivé et mis au féminin, eslit donna le nom eslite, présent en 1176 dans l’expression a vostre eslite « à votre choix ». Mais eslite vit sa forme et sa signification évoluer : on le rencontre à la fin du XIVe siècle sous la forme elite, avec le sens qui nous est familier de « ce qu’il y a de meilleur » ; ensuite, il prit la graphie élite. On notera toutefois que, dès 1176, le participe passé eslit fut concurrencé par la forme esleu, qui donna notre contemporain élu, surtout fréquent à partir du XVIe siècle.
Collectionner les légendes, quelle bonne idée !
Il nous faut maintenant faire connaissance avec celui des dérivés de legere qui a donné le plus grand nombre de mots au français. Il s’agit du verbe colligere « recueillir, rassembler », lui-même dérivé de *conlegere, littéralement « cueillir ou recueillir ensemble ». Colligere est passé en français sous la forme coillir, ancêtre de notre cueillir, attestée vers 980 avec le sens de « prendre, emporter quelqu’un ». C’est plus tard, durant la première moitié du XIIe siècle, que cueillir prit la signification de « récolter ».
Colligere eut lui aussi ses propres dérivés, notamment le verbe recolligere « rassembler, réunir ». Recolligere fut adopté par le français, où il prit plusieurs formes et sens : vers 1100, recuillir « rassembler, réunir » et requeillir « recevoir (un don) » ; en 1115, recuillir « recevoir, accueillir (quelqu’un) » ; vers 1172, recoillir « rassembler les fruits d’une terre » ; avant 1188, recoillir « recevoir, ramasser ce qui s’échappe ». Il faudra attendre le premier quart du XIIIe siècle pour rencontrer enfin la forme recueillir. La forme pronominale sei recoillir « s’embarquer » est attestée vers 1195, suivie de soy recueillir « se concentrer » en 1559. Finalement, en 1683, se recueillir est enregistré avec le sens de « pratiquer la méditation religieuse ». Mais recolligere passa aussi en italien, où il donna le verbe ricogliere, de même sens. Ricogliere eut pour dérivé le nom ricolta, attesté au XIVe siècle, qui franchit les Alpes en 1550 et devint notre récolte nationale.
Parti sur sa lancée, rien ne pouvait plus arrêter colligere ; il donna naissance à un verbe de latin vulgaire non attesté et reconstitué, *accoligere, à l’origine des formes et sens suivants :
– vers 1100 : acoillir « pousser » ;
– vers 1100 : aquallir « assaillir » ;
– vers 1150 : acueillir son chemin « se mettre en route » ;
– 1165-70 : acoillir « atteindre, saisir » ;
– vers 1170 : acuillir « assaillir » ;
– vers 1190 : acoillir « rassembler en poussant devant soi (des animaux) » ;
– vers 1200 : aqueldre a + inf. « commencer à » + inf.
Enfin, on rencontre, après 1174, la forme acuillir « recevoir », presque identique à notre contemporain accueillir.[8]
L’insatiable colligere avait naturellement un nom d’action. Ce fut collectio « action de recueillir » et « ce qui est recueilli », adopté par le français vers l’an 1300 sous la forme attendue de collection. Ce fut tout d’abord un terme médical qui signifiait « amas de pus », ce qui n’est guère charmant. Peu après, en 1371, collection est attesté avec le sens plus agréable de « action de cueillir les fruits » ; on notera que cette idée de cueillir poursuit le sémantisme des mots de la famille de colligere. Collection est ensuite présent dans un texte de 1466 où il a la signification de « action de percevoir les impôts ». Mais, depuis 1395, il était en concurrence pour ce sens avec collecte, et c’est ce dernier qui finit par s’imposer dans l’usage pour nommer le racket institutionnel. Collection put donc être réservé à des choses bien plus agréables : en 1680, une collection est un « recueil », et, en 1755, une « réunion d’objets d’art ».
Qui n’a pas lu sa leçon ?
Comme on vient de le voir, certains mots français proviennent d’un dérivé de legere. Ainsi, à partir de legendus, gérondif de legere, le latin médiéval[9] créa le nom legenda « légende, vie de saint », attesté en 1190. Adapté au français, legenda prit évidemment la forme légende. Tout d’abord, légende fut utilisé par les textes religieux : vers 1220, il signifiait lui aussi « vie de saint » et, à peu près à la même époque, vers 1235, il est attesté avec le sens de « leçon lue à l’office de matines et contenant la vie d’un saint ». Plus tard, il entra dans le domaine profane et acquit les sens que nous connaissons : en 1558, il signifie « récit merveilleux et populaire » ; en 1598, « texte accompagnant et expliquant une image » ; en 1797, « liste explicative des signes d’un plan, d’une carte », et enfin, en 1853, « représentation souvent déformée de faits ou de personnages réels ».
Legere donna aussi un autre nom, le nom lectio « cueillette ; lecture, texte ; choix ». Le français l’adopta, lui donna la forme leçon ; sa première attestation, datée d’environ 1135, lui donne pour sens « texte de liturgie lu ou chanté ». Peu après, vers 1160, leçon signifie « enseignement donné par un maître », et, à la fin du XIIe siècle, « ce qu’un élève doit apprendre et réciter ».
Enfin, qui dit lire dit lecture, cela semble évident. Et en effet : à partir de lectum, supin de legere, le latin médiéval créa le nom lectura « lecture, études, érudition » au XIVe siècle. La forme francisée lecture est attestée vers 1350 avec le sens de « instruction, enseignement » et vers 1380 avec ceux de « texte liturgique » et de « savoir acquis en lisant ». Enfin, c’est en 1445 que lecture désigne l’action de lire, puis, en 1676, le texte lu.[10]
Cet article, quel florilège !
Comme nombre d’autres langues, le latin a créé des dérivés à partir de radicaux de certains de ses mots. C’est ainsi que la forme leg-, radical de legere, prit la forme legus et s’unit à d’autres mots pour en créer de nouveaux. Ainsi, associé à flos « fleur », legus produisit le latin classique florilegus « qui produit des fleurs ». Désireux de s’enrichir encore et toujours, le latin moderne prit pour modèle le nom classique spicilegium « action de glaner », littéralement « cueillette d’épis »,[11] et créa florilegium, attesté en 1697 avec le sens de « florilège ». La même année naquit son équivalent français, florilège, avec le sens toujours en usage de « anthologie ». Il est intéressant de noter que florilège est, d’un strict point de vue formel, l’exact pendant et synonyme du nom d’origine grecque anthologie, puisque flos et anthos signifient tous deux « fleur » et que les racines legus et logos ont en commun le sens de « discours ».[12]
L’élément legus n’a pas servi uniquement à créer spicilegium et florilegus en latin classique. Ce fut au contraire un élément très productif, car les Romains l’utilisèrent pour donner naissance, entre autres mots[13], au nom sacrilegus « sacrilège, profanateur », qui donna à son tour sacrilegium « profanation ; impiété », tout cela à l’aide de l’adjectif sacer « sacré », qui eut lui aussi une descendance importante en français. Sacrilegium fut adopté par le français, qui le fit sien sous la forme sacrilège, attestée à la fin du XIIe siècle, avec le sens de « profanation ». Comme cela peut s’observer dans de multiples cas, le sens initial de sacrilège s’affaiblit avec le temps, et sacrilège est attesté dans un contexte profane et donc métaphorique en 1798.
Le dernier mot présenté dans cet article n’est pas le moins intéressant. L’élément legus s’est en effet également uni au nom latin sors « sort, destinée » pour produire le nom de latin classique sortilegus « devin, sorcier » : le devin est, littéralement, celui qui lit la destinée.[14] Le latin médiéval, avide de créer les mots qui lui faisaient défaut, produisit le nom sortilegium « tirage au sort ; divination ; sortilège ». Cette création arriva relativement tôt en France, puisque la francisation de ce nom est attestée dès 1213 : le sortilège « charme, maléfice » était né.
Pour finir, on notera que legere provient d’une racine indo-européenne, *leg- / *log-, qui comportait les idées de ramasser et de compter, et que cette racine a également proliféré en grec, puisqu’elle est à l’origine des racines grecques ayant donné naissance à de multiples mots, parmi lesquels dialecte, éclectique, lexique, prologue, logique, dialogue, pour n’en citer que quelques-uns. Que ce soit en latin ou en grec, cette racine indo-européenne s’est avérée fort utile pour la vie intellectuelle, comme on le voit.
Remarques
Dans le premier tableau, les définitions ont été volontairement allégées, faute de place. Le lecteur retrouvera ces définitions dans leur intégralité à l’intérieur de cet article.
Sauf mention contraire, les mots latins cités dans les deux tableaux relèvent du latin classique. La mention mod. fait référence au latin moderne.
[1] Pour la commodité de la lecture, nous indiquons les verbes latins par leur seule forme d’infinitif alors que, traditionnellement, les dictionnaires les donnent de la façon suivante : lego, legi, lectum, legere (exemple de legere). Ces formes correspondent à la première personne du présent de l’indicatif du perfectum (lego), à la première personne du parfait du perfectum (legi), à l’infinitif parfait de la voix passive (lectum) et à l’infinitif (legere). Le dictionnaire étymologique d’Ernout et Meillet insère, entre lego et legi, la forme legis, qui est la deuxième personne du présent de l’indicatif du perfectum.
[2] À l’instar de nos autres articles présentant des mots latins, la présente étude s’appuie principalement sur le Dictionnaire étymologique de la langue latine d’Alfred Ernout et d’Antoine Meillet ainsi que sur le dictionnaire latin-français de Félix Gaffiot.
[3] Neglegere est formé de ne et de legere. Il signifie donc « ne pas cueillir ou recueillir », c’est-à-dire « ne pas prendre soin », d’où « négliger ».
[4] Le lecteur facétieux s’amusera peut-être de ce que les mots analysés ici furent construits à partir d’un verbe dont la première personne du présent est lego. Mais il ne faut voir là que pure coïncidence ; le nom du jeu de briquettes bien connu a une tout autre origine.
[5] Un verbe ou un temps verbal intensif s’emploie pour une action qui dure, un état, une description ou une habitude. C’est par exemple le cas de l’imparfait du français et de l’imperfectif passé du russe.
[6] Sélectionner est en quelque sorte hors jeu, si l’on ose dire, car il dérive de sélection et non directement d’un verbe latin.
[7] L’expression latin vulgaire ne signifie pas que l’on parle d’une langue qui choque la bienséance ou qui dénote la grossièreté de celui qui l’emploie. Est appelé latin vulgaire le latin qui fut parlé à basse époque dans les pays de l'Empire romain et qui donna naissance aux langues romanes. Naturellement, il est bien différent du latin classique, mais aussi de ce que l’on désigne sous l’appellation de latin contemporain, qui est un latin classique enrichi de mots créés pour nommer des choses et concepts inconnus de Rome.
[8] Pour les amoureux d’étymologie, voici les formes pronominales du verbe accueillir, disparues depuis longtemps : milieu du XIIe s. : s'acueldre a + inf. « se mettre à + inf. » ; vers 1170 : s'aquiaudre « se mettre en route » ; 1195-1200 : s'aquiaudre a « se joindre à ».
[9] Le latin médiéval est la forme de latin utilisée au Moyen Âge, principalement pour les échanges intellectuels et dans la liturgie de l’Église catholique ; c’était la langue des sciences, de la littérature et des lois. Les chercheurs ne s’accordent pas sur la date de naissance du latin médiéval ; certains proposent le IVe siècle, d’autres le VIe, d’autres enfin le début du Xe. En revanche, le consensus est à peu près général pour en fixer la fin au XVe siècle, date du début du latin humaniste.
Profitons de cette note pour donner la chronologie généralement admise du latin :
– jusqu’à 75 avant J.-C. : latin archaïque
– 75 avant J.-C. - Ier siècle : latin classique
– IIe - VIIIe siècle : bas latin
– IXe - XVe siècle : latin médiéval (sous réserve des remarques indiquées ci-dessus)
– XVe - XVIe siècle : latin humaniste
– XVIIe - XIXe siècle : latin moderne
– XXe - XXIe siècle : latin contemporain
[10] Comme on pourrait le penser à juste titre, legere donna aussi le nom lector « qui lit pour soi » et « qui lit à haute voix », à l’origine de notre lecteur français, attesté en 1307 avec le sens de « clerc revêtu du deuxième des quatre ordres mineurs chargé de lire les leçons dans le culte », puis en 1379 avec celui de « personne qui lit pour elle-même » (définitions du TLFI). Faute de place, nous n’avons pu inclure lecteur dans notre tableau, mais le cœur y est.
[11] On notera que spicilegium a été emprunté et francisé en 1678 sous la forme spicilège ; il s’agit d’un terme rare qui signifie « recueil de documents variés ».
[12] Le sens propre du grec anthologia est « action de cueillir des fleurs ».
[13] D’autres mots, dont certains sont passés en français, ont été également construits avec cet élément legus. Nous ne les citerons pas ici afin de ne pas alourdir cet article, mais le lecteur intéressé par cette question trouvera de quoi satisfaire sa curiosité dans le Dictionnaire étymologique de la langue latine de A. Ernout et A. Meillet.
[14] Le nom sors « sort, destinée » est à l’origine du verbe sortir « passer du dedans au dehors d’un lieu ». Cette évolution sémantique reste un mystère, à moins d’y voir une chaîne de métaphores : le sort fait passer d’une condition première à un état extérieur. Au demeurant, sortir et son cheminement sémantique intrigant ont supplanté le verbe d’ancien français issir. Les voies de l’évolution langagière sont – parfois – impénétrables.