Faire long feu
L'expression faire long feu a fait l'objet de multiples explications et continue d'ailleurs d'agiter les esprits ; essayons d'en défaire l'écheveau.
Au temps ancien du canon, faire long feu signifiait que la poudre utilisée se consumait sans exploser ; la consumation durait longtemps (le long feu) mais rien ne partait. Le premier sens de cette locution fut donc "durer". Mais comme il y avait échec puisque l'explosion n'avait pas eu lieu, faire long feu prit le sens métaphorique de "manquer son but", "échouer".
Selon certains spécialistes, il ne faut pas prendre l'expression ne pas faire long feu "ne pas durer" pour la forme négative de faire long feu "échouer", vu que "ne pas durer" n'est pas le contraire de "échouer". Nous serions donc en présence de deux expressions différentes et indépendantes l'une de l'autre.
Cette mise en garde nous semble faire peu de cas du premier sens de faire long feu, qui était justement "durer" ; il est donc logique que ne pas faire long feu ait pour sens "ne pas durer". Tout simplement, la signification "durer" a été réactivée dans ne pas faire long feu "ne pas durer" tandis que faire long feu changeait de sens pour "échouer". Parfois, on cherche trop loin ce que l'on a sous les yeux, et certaines tentatives d'explication peuvent faire long feu. Au sens contemporain, bien sûr.
Cet article est extrait de l'ouvrage suivant :
Dictionnaire du bon français contemporain, avec des exemples effrontés et des commentaires insolents
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