Fautes courantes - 06
Expressions incorrectes |
Expressions correctes |
D'évidence, elle n’a pas compris. |
De toute évidence, elle n’a pas compris. |
Faire une disgression. |
Faire une digression. |
Se dire in petto. |
Se dire.[1] |
Je ne sais pas si il viendra. |
Je ne sais pas s’il viendra.[2] |
Va donc porter plainte. |
Va donc déposer plainte. |
Être en charge d’une mission. |
Être chargé d’une mission.[3] |
Vous pouvez nous joindre sur le 1234. |
Vous pouvez nous joindre au 1234.[4] |
Tu as le même livre que moi. |
Tu as le même livre que le mien.[5] |
Pour pas qu’il (ne) soit en retard. |
Pour qu’il ne soit pas en retard.[6] |
En termes de tourisme. |
En matière de tourisme.[7] |
Ce travail est conforme avec notre attente. |
Ce travail est conforme à notre attente.[8] |
Jusqu’à là, tout va bien. |
Jusque-là, tout va bien.[9] |
Ma caisse, elle m’a coûté un bras. |
Ma caisse, elle m’a coûté les yeux de la tête.[10] |
Être sur le grill. |
Être sur le gril.[11] |
Les animaux hibernent dans l’étable. |
Les animaux hivernent dans l’étable.[12] |
Cette aide va lui bénéficier. |
Cette aide va lui profiter.[13] |
Rénumérer quelqu’un généreusement. |
Rémunérer quelqu’un généreusement. |
Voici une lettre à l’intention du directeur. |
Voici une lettre à l’attention du directeur.[14] |
Ta pizza est ratée ; fais-en une de nouveau. |
Ta pizza est ratée ; fais-en une à nouveau.[15] |
La situation sociale s’empire. |
La situation sociale empire.[16] |
Tout cela va mal se finir. |
Tout cela va mal finir.[17] |
Nos amis ont voyagé de concert. |
Nos amis ont voyagé de conserve.[18] |
Toutes ces périgrinations l’ont fatigué. |
Toutes ces pérégrinations l’ont fatigué. |
Léa aussi n’est pas venue. |
Léa non plus n’est pas venue.[19] |
Le contexte social est déprimant. |
La situation sociale est déprimante.[20] |
Donne-moi-la, cette voiture. |
Donne-la-moi, cette voiture.[21] |
Il habite en face l’église. |
Il habite en face de l’église.[22] |
C’est le livre que j’ai besoin. |
C’est le livre dont j’ai besoin.[23] |
Léa s’est faite une écharpe bariolée. |
Léa s’est fait une écharpe bariolée.[24] |
Elle s’est faite pirater son ouvrage par un internaute indélicat. |
Elle s’est fait pirater son ouvrage par un internaute indélicat.[25] |
Léo est obnibulé par sa recherche. |
Léo est obnubilé par sa recherche.[26] |
Diffuser son livre tout azimut. |
Diffuser son livre tous azimuts.[27] |
Il a un vélo antidiluvien. |
Il a un vélo antédiluvien. |
Travailler ou buller, quel dilemne ! |
Travailler ou buller, quel dilemme ![28] |
Jeter l’opprobe sur quelqu’un. |
Jeter l’opprobre sur quelqu’un.[29] |
Faire appel d’une décision de justice. |
Interjeter appel d’une décision de justice. |
Tu as édité ton texte ? |
Tu as modifié ton texte ?[30] |
Ils l’ont insulté d’idiot. |
Ils l’ont traité d’idiot.[31] |
Un garçon déguingandé. |
Un garçon dégingandé.[32] |
Ceci dit, tout va bien. |
Cela dit, tout va bien.[33] |
La situation est sous contrôle. |
La situation est maîtrisée.[34] |
[1] In petto signifie « à part soi, sans dire un mot ». On évitera donc le pléonasme se dire in petto.
[2] Si il est une faute contemporaine qui se répand comme la misère sur le pauvre monde. Or, la règle est pourtant simple : si s’élide devant il et ils, et uniquement devant ces pronoms. Ce n’est pas bien difficile à retenir.
[3] En charge de est un calque de l’anglais in charge of. En français, seule une batterie d’appareil peut être en charge.
[4] Tic de langage très en vogue chez les animateurs de radio, qui parsèment leurs propos de sur sans vergogne. Au demeurant, ils s’expriment comme beaucoup de nos contemporains, qui travaillent sur Paris, qui lisent quelque chose sur le journal, etc.
[5] Comme on n’est pas soi-même un livre, on veillera à bien utiliser un pronom possessif dans ce genre de contexte.
[6] Les locutions conjonctives, comme pour que ou afin que, ne doivent en aucun cas être coupées par quelque autre mot que ce soit.
[7] L'expression en termes de a pour sens « dans le vocabulaire de » et doit s'employer uniquement pour évoquer le lexique d’un groupe humain particulier : « En termes de linguistique, nom se dit substantif ». Utiliser en termes de à la place de locutions comme en matière de, en ce qui concerne, etc., est un calque de l’anglais in terms of. Naturellement, il est déconseillé de s’exprimer de cette façon.
[8] En revanche, on doit dire être en conformité avec : ce travail est en conformité avec notre attente. On peut aussi dire être conforme à.
[9] On doit absolument se garder de faire des attelages de trois prépositions ou adverbes ; jusqu’à là est donc proscrit. De la même façon, on veillera à ne pas dire jusqu’à aujourd’hui mais jusqu’aujourd’hui, vu que aujourd’hui commence par au, formé par la contraction de à et de le.
[10] L'expression coûter un bras "coûter très cher"a envahi la France vers la fin du XXe siècle. Il s'agit là d'une version accourcie de l'expression anglaise to cost an arm and a leg, de même sens. On se demande pourquoi certains vont chercher leurs expressions sous d’autres cieux, alors que le français ne manque pas de locutions signifiant "coûter très cher", de l'innocent coûter les yeux de la tête jusqu'au trivial coûter la peau des testicules, enfin, presque.
[11] Le gril est l’ustensile qui permet de faire cuire différents aliments, tandis que le grill est un restaurant qui sert principalement des grillades. Certes, on n’emploie plus guère le nom grill de nos jours, mais ce n’est pas une raison pour confondre les deux mots.
[12] Hiberner a pour sens « dormir d’un sommeil prolongé pendant plusieurs mois ». Si l’on veut évoquer le fait que les animaux de ferme sont à l’abri dans une étable durant la mauvaise saison, on dira qu’ils y hivernent.
[13] Une chose ne peut pas bénéficier à quelqu’un, mais lui profiter.
[14] La locution à l’attention de s’emploie dans le langage administratif pour désigner le destinataire d’un document. L’expression à l’intention de s’utilise pour évoquer une offre, un présent, un geste agréable.
[15] À nouveau a pour sens « de façon différente », alors que de nouveau signifie « encore une fois et de la même façon ». Si on fait de nouveau une pizza ratée, on va encore gaspiller pâte et ingrédients, ce qui serait dommage.
[16] Empirer est un verbe strictement intransitif. Il ne peut donc être pronominal. L’erreur qui consiste à dire s’empirer est probablement due à une contamination de s’aggraver.
[17] On peut en revanche dire se terminer.
[18] De conserve a pour sens « ensemble et de façon identique ». De concert signifie « de façon concertée (mais non forcément identique) ».
[19] Dans une phrase négative, on doit employer non plus et réserver aussi aux phrases affirmatives.
[20] Le nom contexte doit être exclusivement employé lorsqu’on parle linguistique : « Dans le contexte d’un roman d’anticipation, le vocabulaire scientifique est omniprésent ». Dans tous les autres cas, on doit utiliser des noms comme environnement ou situation.
[21] Lorsqu’un verbe à l’impératif est suivi de deux pronoms, le pronom COD suit immédiatement le verbe et le pronom COI termine la séquence : donne-la-moi. Seule exception à cette règle, la présence du pronom en, qui fait que le pronom COI doit suivre immédiatement le verbe : donne-nous-en.
[22] Faute contemporaine insupportable ; la locution prépositionnelle complète est en face de.
[23] Autre faute pénible : les compléments introduits par de doivent être repris par dont. Toutefois, on peut employer que si son antécédent est COD d’un autre verbe : c’est le livre que j’ai besoin de t’emprunter.
[24] Pour accorder correctement le participe passé d’un verbe pronominal, il faut impérativement en identifier le COD ainsi que la place de celui-ci. Dans cette phrase, le COD est une écharpe bariolée, placé après le participe passé. Celui-ci doit donc rester invariable.
[25] La règle est très simple et tient en huit mots : fait suivi d’un infinitif est toujours invariable.
[26] Le verbe *obnibuler n’existe pas. Pour se rappeler la forme correcte obnubiler, le lecteur peut penser au nom latin nubes, à l’origine de nue, lequel a donné nuage. *Omnibuler est une création charmante qui évoque quelqu’un qui paresse tout le temps ou un peu partout, mais il n’existe pas non plus.
[27] Cette expression doit s’employer au pluriel, au sens propre comme au sens figuré.
[28] Probablement par influence de l’adjectif indemne, la forme dilemne se rencontre assez souvent et est même attestée chez de grands auteurs, comme G. Sand, H. de Balzac et V. Hugo. Toutefois, il faut se garder de l’employer, car elle est fautive.
[29] Autre barbarisme, la forme opprobe, certainement due à une influence de l’adjectif probe, qui fait partie du même champ notionnel. C’est pourtant opprobre qu’il faut employer.
[30] Les anglicismes liés au domaine de l’informatique font des ravages en français. Exemple, éditer, qui a pour sens en français « publier », signifie « modifier » dès qu’apparaît un ordinateur ! On recherche le mauvais traducteur qui, le premier, a rendu to edit par éditer, probablement par paresse ou, pis, par ignorance.
[31] Faute qui n’est plus réservée aux plus jeunes et qui consiste à confondre insulter et traiter de. On s’abstiendra évidemment de dire Il s’est fait traiter pour Il s’est fait insulter.
[32] Comme on le voit, dégingandé n’a rien en commun avec le pronom provençal dégun « personne ».
[33] On utilise cela pour évoquer une chose dont on vient de parler et ceci pour introduire une chose dont on va parler.
[34] Sous contrôle est l’exact calque de l’anglais under control. Comme le français a des expressions qui lui sont propres et qui sont de sens identique, on se détournera de ce under control et l’on emploiera plutôt maîtrisé.
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