Françoise NORE

Françoise NORE

L'accord du participe passé des verbes pronominaux

     Il existe deux grandes catégories de verbes pronominaux : les verbes essentiellement (ou toujours) pronominaux et les verbes accidentellement pronominaux. Le problème vient de ce que cette distinction fondamentale est inconnue d'un certain nombre de locuteurs, qui accordent systématiquement le participe passé d'un verbe pronominal avec le sujet, alors que cet accord est loin d'être la règle dans tous les cas, comme nous allons le voir.

 

 

Les verbes essentiellement pronominaux

 

     Un verbe essentiellement ou toujours pronominal est un verbe qui n'existe pas comme verbe simple, comme s'envoler. En outre, il n'est jamais accompagné d'un COD. De ce fait, le pronom se est analysé comme étant le COD, et le participe passé de ces verbes est toujours variable :

 

          La candidate s'est envolée dans les sondages.

 

     Cette règle générale a toutefois deux exceptions :

 

–   s'arroger : contrairement aux autres verbes essentiellement pronominaux, s'arroger se construit avec un COD réel, et le pronom se en est le COI. Si le COD est placé après le verbe, le participe passé est invariable :

 

          La directrice s'est arrogé des pouvoirs excessifs.

 

     Mais le participe passé est bien sûr variable si le COD est placé avant lui :

 

          Les pouvoirs que la directrice s'est arrogés sont excessifs.

 

–   s'entrenuire : le participe passé de s'entrenuire est invariable car le pronom se a valeur de COI :

 

          Les prétendants à l'investiture se sont entrenui pendant des mois (ils ont nui l'un à l'autre).

 

 

Les verbes accidentellement pronominaux

 

     Les verbes accidentellement pronominaux sont des verbes qui existent aussi à la forme simple, comme laver et se laver. Ils peuvent être réfléchis, non réfléchis, réciproques ou employés avec un sens passif.

 

 

Les verbes accidentellement pronominaux réfléchis

 

     Un verbe réfléchi est un verbe dont le sujet est le bénéficiaire de l'action. Les verbes de cette catégorie, dans leur forme simple, peuvent être accompagnés d'un COD : laver quelque chose. Si le verbe pronominal réfléchi a un COD placé après lui, son participe passé est invariable :

 

          Les auteurs de ce livre se sont lavé les mains des conséquences de sa publication.

 

     Naturellement, si le COD est placé avant le verbe, le participe passé est variable :

 

          La veste que Jo s'est lavée portait des taches de sauce tomate.

 

 

 

Les verbes accidentellement pronominaux non réfléchis

 

     Il s'agit ici de verbes dont le sens change quand ils passent de simples à pronominaux, comme s'attaquer à "commencer", se rendre "aller", etc. (voir, plus loin, une liste non exhaustive de ces verbes). Le pronom se ne peut être analysé ni comme COD ni comme COI, et le participe passé de ces verbes est variable :

 

          Elle s'est plainte sans arrêt.

          Les deux petits garçons se sont saisis du ballon.

          Comment s'y est-elle prise pour faire une telle bêtise ?

          La plaignante s'est prévalue de ses droits.

 

 

Les verbes accidentellement pronominaux réciproques

 

     Un verbe réciproque est un verbe qui est transitif à la forme simple et dont le sujet au pluriel indique plusieurs bénéficiaires de l'action. Si ce verbe a un COD placé après lui, son participe passé est invariable :

 

          Les candidats à la primaire se sont donné des noms d'oiseaux.

 

     Mais si le COD est antéposé, le participe passé est variable :

 

          Tu aurais entendu les noms d'oiseaux qu'ils se sont donnés !

 

     Toutefois, cette règle générale a des exceptions ; en effet, certains verbes réciproques ont un participe passé invariable car, dans leur forme simple, ils ne se construisent pas avec un COD mais avec un COI, lequel COI est souvent implicite dans la forme pronominale. On peut citer se complaire, se convenir, se déplaire, se faire mal, se mentir, se nuire, se parler, se plaire, se ressembler, se rire, se sourire, se succéder, se suffire, se survivre, se téléphoner, s'en vouloir, etc. :

 

          Plusieurs rois se sont succédé sur le trône de France.

          Elles se sont plu dès le premier regard.

          Ils sont longtemps restés fâchés, mais ils se sont récemment de nouveau parlé.[1]

 

     Pour savoir si l'on a affaire à un verbe accidentellement pronominal, on emploie le verbe en question à la forme simple. Si le pronom se commute avec le, la ou les, le participe passé est variable :

 

          Léa s'est lavée ; sa robe, Léa l'a lavée.

 

–   Mais si le pronom se commute avec lui ou avec leur, le participe passé est invariable :

 

          Ces rois se sont succédé ; ce roi lui a succédé.

 

     Notons qu'un même verbe peut appartenir à deux catégories différentes (voir le paragraphe n°3) :

 

     –   verbe accidentellement pronominal non réfléchi, avec accord :

 

               Ils se sont adressés à l'hôtesse.

 

     –   verbe accidentellement pronominal réciproque, sans accord :

 

               Ils se sont adressé des noms d'oiseaux.

 

 

Les verbes pronominaux de sens passif

 

     Un verbe pronominal de sens passif est un verbe dont le sujet grammatical n'est pas le sujet agissant. Le participe passé d'un verbe pronominal de ce type est variable :

 

          Ces vêtements se sont fabriqués en France dans les années soixante.

          (= ces vêtements ont été fabriqués).

 

 

Verbes pronominaux particuliers

 

     Certains verbes ou locutions verbales ont un comportement particulier selon le sens qu'ils ont ou selon la place de leur complément d'objet direct éventuel. Le problème vient de ce que nombre de locuteurs prennent uniquement en compte leur aspect pronominal et accordent systématiquement le participe passé avec le sujet, alors qu'il est essentiel, pour accorder correctement, d'identifier le véritable COD de ces phrases, s'il y en a un, ainsi que sa place par rapport au verbe.

 

S'adresser

 

     Lorsque s'adresser signifie "parler à", son participe passé est variable :

 

          Les journalistes se sont adressés au vainqueur de l'élection.

 

     Mais lorsque s'adresser signifie "échanger des propos", l'accord du participe dépend de la place du COD :

 

          Pendant ce temps, les perdants se sont adressé des injures.

          Tu aurais entendu les injures qu'ils se sont adressées !

 

 

S'assurer

 

     Lorsque s'assurer signifie "signer un contrat avec une compagnie d'assurance" ou lorsqu'il est suivi d'une proposition complétive, le participe passé est variable :

 

          Ces entreprises se sont assurées contre le vol des données informatiques.

          Avant de partir, les ministres se sont assurés qu'ils avaient détruit tous les dossiers.

 

     Mais lorsque s'assurer a un COD nominal, il s'accorde en fonction de la place de celui-ci :

 

          Avant l'élection, le candidat s'est assuré l'aide indéfectible des médias.

          Les soutiens que le candidat s'était assurés l'ont bien aidé.

 

 

S'autoriser

 

     Pour s'autoriser également, l'accord dépend de la nature et de la place du COD. Si celui-ci est une complétive à l'infinitif, le participe passé est variable :

 

          Elle s'est autorisée à faire une pause.

 

     Mais en présence d'un COD de forme nominale, le participe passé s'accorde selon la place de ce dernier :

 

          Elle s'est autorisé une pause.

          La pause qu'elle s'est autorisée lui a fait beaucoup de bien.

 

 

Se cogner

 

     Lorsque se cogner signifie "se heurter à quelque chose" et qu'il n'a pas de COD, son participe est variable :

 

          Léa s'est cognée.

          Léa s'est cognée au gros orteil.

 

     Naturellement, lorsque se cogner a un COD postposé, son participe est invariable :

 

          Léa s'est cogné le gros orteil.

 

     Mais si se cogner signifie "se battre, se bagarrer", s'il est accompagné de dessus, et vu qu'il a nécessairement un sujet au pluriel, son participe passé est invariable :

 

          Après le débat télévisé, les candidats à la primaire se sont cogné dessus.

          (= l'un a cogné sur l'autre).

 

     Toutefois, en l'absence de l'adverbe dessus, le participe redevient variable, à l'instar des premiers cas analysés dans ce paragraphe :

 

          Les candidats à la primaire se sont cognés.

 

 

Se dire

 

     Lorsque le COD de se dire est placé après le participe passé, celui-ci est invariable, que le complément soit une complétive ou un complément nominal :

 

          La candidate s'est dit qu'elle devrait se reposer.

          Les participants au débat se sont dit des horreurs pendant toute la soirée.

 

     Mais lorsque se dire est suivi d'un adjectif ou d'un participe adjectivé, on considère que ce dernier est un attribut du sujet et, de ce fait, le participe passé devient variable :

 

          La candidate s'est dite ravie de son élection.

 

 

Se disputer

 

     Quand se disputer signifie "se quereller", le participe passé est variable :

 

          Les candidates à la primaire se sont disputées avec leurs adversaires.

 

     Toutefois, quand se disputer a le sens de "chercher à obtenir quelque chose", c'est la règle traditionnelle de l'accord en fonction de la place du COD qui prévaut :

 

          Les deux actrices se sont disputé des invitations pour la soirée de l'ambassadeur.

          Las, les invitations qu'elles se sont disputées étaient des faux.

 

 

S'imaginer

 

     Lorsque s'imaginer a la signification de "penser, croire", le participe passé est invariable si le verbe est suivi d'une complétive ou d'un COD nominal :

 

          Ma sœur s'était imaginé qu'elle aurait fini son travail en une heure.

          Nous nous étions imaginé une fin plus gaie pour ce roman.

 

     Mais lorsque s'imaginer a le sens de "avoir une certaine représentation de soi" et que le complément qui le suit ne répond pas à la question quoi ? ou qui ?, le participe passé est toujours variable :

 

          Pendant longtemps, la starlette s'est imaginée dans un conte de fées.

 

 

S'interdire

 

     Dans l'expression s'interdire de faire quelque chose, le participe passé est invariable lorsque le complément nominal ou phrastique qui le suit répond à la question quoi ? ou qui ? :

 

          Ils se sont interdit d'aller à cette soirée ennuyeuse.

 

     Naturellement, si le COD est antéposé au verbe, le participe passé est variable :

 

          La sortie qu'ils se sont interdite n'était finalement pas très importante.

 

 

Se mettre en danger

 

     Dans la locution verbale se mettre en danger, le pronom réfléchi se est le COD du verbe. De ce fait, le participe passé est variable :

 

          Les vedettes disent toujours qu'elles se sont mises en danger.

 

 

Se mettre en tête

 

     Dans la locution se mettre en tête, le participe passé s'accorde selon la place du COD :

 

          Léa s'est mis en tête d'acheter une voiture de sport.

          Quelle drôle d'idée elle s'est mise en tête !

 

 

Se permettre

 

     Le participe passé du verbe se permettre s'accorde également selon la place du COD :

 

          La journaliste s'est permis de parler au président.

          Cette sortie, ils se la sont permise, alors qu'ils ne roulent pas sur l'or.

 

 

Se persuader

 

     Comme beaucoup d'autres verbes, se persuader a un participe passé variable ou invariable selon la place de son COD. Dans la phrase suivante, en est COI, le pronom personnel se antéposé est le COD, et le participe passé est donc variable :

 

          De cette possibilité, ils s'en sont persuadés à tort.

 

     Toutefois, lorsque se persuader est suivi d'une proposition complétive qui joue le rôle d'un COD, le participe passé doit normalement être invariable :

 

          Léa et Éva se sont persuadé qu'elles arriveraient en retard au cinéma.

 

     Nous avons dit "normalement", car l'Académie accepte l'accord, ce qui est bien étonnant : en effet, accorder le participe passé persuadé revient à avoir deux COD pour le même verbe, qu'elles arriveraient et le pronom se, chose impossible en français. Mais se persuader est ressenti comme verbe réfléchi, d'où l'aval de l'Académie, même si cela entraîne la présence de deux COD pour un seul verbe. On a donc le droit d'écrire Elles se sont persuadées qu'elles arriveraient en retard. Toutefois, deux COD nous semblant être trop pour un seul verbe, nous conseillons l'invariabilité de persuadé dans ce genre de cas, ou bien une formulation différente, afin de respecter la grammaire :[2]

 

          Léa et Éva se sont persuadées de la probabilité d'une arrivée tardive au cinéma.

 

 

S'en prendre à quelqu'un ou à quelque chose

 

     Cette expression, qui signifie "attaquer oralement", contient les pronoms se et en, tous deux considérés comme n'ayant pas de fonction grammaticale. S'en prendre à ressortit donc à la catégorie des verbes essentiellement pronominaux ; de ce fait, son participe passé est variable :

 

          Les deux filles s'en sont prises au serveur qui avait oublié leur commande.

 

 

Se promettre

 

     Se promettre fait, lui aussi, partie de ces verbes pronominaux dont l'accord du participe passé est fonction de la place du COD dans la phrase :

 

          Elles se sont promis de retourner bientôt dans cette boîte de nuit.

          La sortie qu'elles s'étaient promise fut en réalité bien décevante.

 

 

Se proposer

 

     Lorsque se proposer a le sens de "se fixer comme objectif", son participe suit la règle traditionnelle de l'accord :

 

          La journaliste s'est proposé d'interroger le ministre.

          La date limite qu'ils s'étaient proposée n'est finalement pas bonne.

 

     Mais lorsque se proposer signifie "offrir ses services", le participe passé est toujours variable :

 

          La présidente s'est proposée pour prononcer le discours.

 

 

Se rappeler

 

     Lorsque se rappeler a pour sens "se remettre en mémoire", son participe passé respecte la règle traditionnelle de l'accord selon la place du COD :

 

          L'ancienne concubine s'est rappelé avoir distribué des photos à la presse.

          Ses indications, je me les suis rappelées à temps.

 

     Mais lorsque se rappeler signifie "rappeler le souvenir de soi à un tiers", le participe passé est toujours variable :

 

          Les juges se sont rappelés au bon souvenir du politicien véreux.

 

 

Se refuser

 

     Dans l'expression se refuser à faire quelque chose "ne pas vouloir faire quelque chose", le participe passé est variable :

 

          Les invités se sont refusés à participer au débat télévisé.

 

     Cependant, dans l'expression se refuser de faire quelque chose "s'interdire de faire quelque chose", le participe reste invariable :

 

          Nous nous sommes refusé d'y aller.

 

     On notera que, dans la locution ne rien se refuser, rien est complément d'objet direct et se complément d'objet indirect ; de ce fait, le participe passé reste invariable :

 

          Une fois de plus, elle ne s'est rien refusé.

 

 

Se rendre compte

 

     Dans cette locution verbale, le participe passé rendu est toujours invariable car le COD est le nom compte :

 

          Les électeurs se sont rendu compte qu'on leur avait menti.

 

 

Se répartir

 

     En ce qui concerne se répartir, l'accord dépend de la place du complément :

 

          Les actionnaires se sont réparti de juteux bénéfices.

          Les joueurs se sont répartis en deux équipes.

 

 

Se servir

 

     Quand se servir a le sens de "prendre pour soi", son participe s'accorde selon l'emplacement du COD :

 

          Léa s'est servi du lait.

          Tu aurais vu l'assiette de pâtes qu'il s'est servie !

 

     Mais quand se servir a le sens de "utiliser", son participe s'accorde avec le sujet :

 

          Léa s'est servie du lait pour faire des crêpes.

 

 

Se trouver court

 

     Dans cette expression, de même que dans demeurer court ou rester court, le participe passé trouvé est variable mais court ne s'accorde pas :

 

          Face aux journalistes, les participants du débat se sont trouvés court.

 

 

S'en vouloir

 

     La locution s'en vouloir doit être comprise comme "en vouloir à soi-même". De ce fait, le pronom se est le COI du verbe, et le participe passé est invariable :

 

          Longtemps, elle s'en est voulu, mais aujourd'hui elle se moque de cette histoire.

 

 

Cas particulier de se faire

 

     Lorsque se faire est accompagné d'un COD, l'accord suit la règle traditionnelle :

 

          L'opinion qu'ils s'étaient faite au sujet de leur nouveau voisin était fondée.

          Ils se sont fait de nouvelles relations bien utiles.

 

     Toutefois, se faire entre dans la composition de plusieurs locutions présentant des particularités qu'il convient de connaître.

 

 

Se faire à quelque chose

 

     Dans cette locution verbale qui signifie "se résigner", le participe passé est toujours variable :

 

          La journaliste s'est faite à l'idée de devoir attendre son invité pendant une heure.

 

 

Se faire fort de faire quelque chose

 

     Cette expression, qui signifie "se penser capable de faire quelque chose", est une locution figée dont le participe passé, tout comme fort, est invariable, n'en déplaise à Grevisse qui voudrait bien faire varier fort :

 

          Nos amis se sont fait fort d'arriver à l'heure en dépit de la neige.

 

 

Se faire l'écho de quelque chose

 

     L'expression se faire l'écho de quelque chose "propager quelque chose" peut avoir un participe passé variable ou non, les grammairiens étant en désaccord total sur ce point ; Hanse, Thomas, Robert et le Grand Larousse de la Langue française considèrent que le participe passé doit rester invariable, mais Grevisse se demande « pourquoi il ne pourrait pas être variable ». Aussi, pour calmer les esprits, les deux phrases suivantes sont-elles acceptées :

 

          Elle s'est fait l'écho de cette nouvelle.

          Elle s'est faite l'écho de cette nouvelle.[3]

 

 

Se faire face, se faire jour, se faire mal, se mettre à dos, etc.

 

     Le participe passé de ces expressions figées est invariable car les noms face, jour, etc., sont toujours postposés, tandis que le pronom se est COI :

 

          Les deux adversaires se sont fait face.

          Des frictions se sont fait jour entre les antagonistes.

          Ils se sont fait mal en jouant au ballon.

          La journaliste s'est mis ses confrères à dos.

 

 

Se faire "devenir" suivi d'un adjectif ou d'un nom

 

     Lorsqu'un adjectif ou un nom suit se faire "devenir" et peut être analysé comme attribut du pronom se, le participe passé fait s'accorde avec le sujet et est donc variable :

 

          La journaliste s'est faite belle pour animer le débat.

          Les fils de nos voisins se sont faits diplomates.

 

 

S'en faire

 

     Dans l'expression familière s'en faire "se faire du souci", le participe passé est invariable car le pronom en en position de COD interdit tout accord :

 

          À cause de leur vieille voiture, ils s'en sont fait pendant toutes leurs vacances.

 

 

Se refaire

 

     Si se refaire a le sens de "sortir d'une période de gêne financière", son participe passé est variable car le pronom se est le COD du verbe :

 

          Grâce à leur gain à la loterie, elles se sont refaites.

 

     Naturellement, si se refaire est suivi d'un COD et a un autre sens, son participe passé est invariable :

 

          Ils se sont refait une santé durant leurs vacances à la mer.

          Elle s'est refait une beauté, puis elle est partie.

 

 

Verbes pronominaux suivis d'un infinitif

 

Se faire suivi d'un infinitif

 

     Qu'il soit employé avec l'auxiliaire avoir ou avec l'auxiliaire être, sous forme simple ou sous forme pronominale, le participe passé fait suivi d'un infinitif est toujours invariable :

 

          Les ministres se sont fait remonter les bretelles par le président.

          La cliente s'est fait avoir par un garagiste malhonnête.

 

 

Se laisser, se sentir, se voir, etc., suivis d'un infinitif

 

     Parmi les autres verbes pronominaux suivis d'un infinitif, on compte notamment se voir, s'entendre, se laisser et se sentir. Lorsque le sujet de l'un de ces verbes est le sujet sémantique de l'infinitif, le participe passé est variable :

 

          Ils se sont vus mourir de rire en écoutant les informations.

          De stupéfaction, elle s'est laissée tomber sur le canapé.

 

     Mais lorsque le sujet du verbe pronominal n'est pas le sujet sémantique de l'infinitif, le participe passé est invariable :

 

          Ils se sont vu condamner par une presse hargneuse.

          Après avoir empoché le gros lot, la gagnante s'est senti pousser des ailes.

          Une fois de plus, les électeurs se sont laissé embobiner.

 

     La variabilité ou l'invariabilité de l'infinitif introduit une différence de sens notable. On peut ainsi comparer :

 

          La grammairienne  s'est entendue dire merci (c'est elle qui a remercié quelqu'un).

          La grammairienne s'est entendu dire merci (quelqu'un l'a remerciée).

 

 

Verbes pronominaux suivis d'un attribut

 

     Lorsqu'un adjectif ou un participe passé suit le verbe conjugué et peut être analysé comme attribut du pronom réfléchi se, le participe passé est variable et s'accorde avec le sujet :

 

          Ma voisine s'est toujours crue très intelligente.

          La présidente s'est vue acclamée par ses partisans.

 

 

Verbes pronominaux et verbes sous-entendus

 

     Suivi d'un infinitif sous-entendu, un participe passé est toujours invariable. Les participes passés concernés sont notamment cru, daigné, demandé, désiré, dit, dû, fallu, osé, pensé, permis, prétendu, promis, prévu, pu, semblé, songé, su, voulu :

 

          Il faut faire les choses qu'on s'est promis (sous-entendu : de faire).

 

 

Construction pronominale familière

 

     Dans cette construction, lorsque le verbe pronominal peut être remplacé par sa forme simple, le participe passé reste invariable si le COD est placé après ce dernier :

 

          Ma sœur s'est acheté une voiture de sport.

 

     Naturellement, si le COD est antéposé, la règle classique de l'accord s'applique, et le participe passé devient variable :

 

          Toutes les voitures que ma sœur s'est achetées lui ont coûté une petite fortune.

 



[1]  Toutefois, lorsque se parler a le sens de "faire partie de l'usage oral", le participe passé s'accorde car il s'agit d'un verbe pronominal de sens passif : Au fil des siècles, plusieurs langues se sont parlées sur le territoire français.

 

[2]  Notons que Grevisse considère l'accord de persuadé comme facultatif.

 

[3]  Il convient cependant de ne pas confondre se faire l'écho de "propager" et faire écho à "répliquer".



18/05/2015
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