Françoise NORE

Françoise NORE

Snob (n.m. & f.)

La première attestation en anglais du mot snob remonte à l’année 1781 ; employé comme nom, il a alors les sens de « cordonnier » et d’« apprenti cordonnier ». Ensuite, à partir de 1796, snob fut utilisé dans l’argot de l’université de Cambridge ; les étudiants l’employaient de façon quelque peu méprisante avec le sens de « citadin, commerçant local », « personne qui n’appartenait pas au cercle des étudiants ».

 

Plus tard, snob sortit des murs de la vénérable université et entra dans l’usage littéraire où il est attesté en 1831 avec la signification de « roturier, personne des classes ordinaires ou inférieures ». Le sens de « personne qui imite vulgairement ses supérieurs sociaux » apparut en 1843 ; il fut popularisé par The Book of Snobs, by One of Themselves (Le Livre des snobs, par l'un d'entre eux) du romancier britannique William M. Thackeray (1811-1863), publié au Royaume-Uni en 1848. Cet ouvrage reprenait une série d'articles publiés dans l'hebdomadaire humoristique Punch (1841-2002) sous le titre « The Snobs of England, By One of Themselves » (Les Snobs d'Angleterre, par l'un d'entre eux), dont le personnage principal s'appelle Snob. Il s'agit donc des mémoires d'un snob.

 

Le sens de snob s'élargit ensuite pour désigner les personnes qui mettent en avant leur raffinement et celles qui aspirent à la distinction et, en 1911, le mot prit sa signification de « personne qui méprise celles qui sont considérées comme inférieures en rang, en réalisation ou en goût », ce qui fait un retournement sémantique complet : après avoir été un roturier qui aspirait à la distinction, le snob était dorénavant une personne appartenant à une classe supérieure et méprisant ceux qu’il estimait lui être inférieurs.

 

En français, snob est d’abord attesté comme nom en 1843 ; dans un ouvrage historique, il est utilisé comme sobriquet donné à un personnage vulgaire et mal éduqué. En 1857, snob a le sens de « personne qui veut se donner des airs d’être de la bonne société et le fait avec ostentation » ; cette attestation est présente dans la traduction de The book of snobs, cité plus haut. Toujours en 1857, snob est utilisé comme adjectif avec le sens de « qui a les travers d’un snob » dans la Revue des Deux Mondes. Plus tard, en 1881, snob est enregistré par Rigaud, dans son Dictionnaire de l’argot moderne, avec la définition suivante : « noble, beau, correct, dans le jargon du peuple ».

 

L’origine de snob reste très discutée ; selon les chercheurs britanniques, ce serait un mot d’origine dialectale. L’explication couramment avancée selon laquelle snob serait une abréviation de l’expression latine sin nobilitate « sans noblesse », inscrite devant les noms des étudiants de Cambridge non issus de la noblesse britannique, est totalement farfelue et irrecevable puisque la toute première attestation de snob concerne non des étudiants issus de la plèbe, mais des cordonniers. Au demeurant, si l’on souhaite éviter snob, on peut utiliser prétentieux ou vaniteux, voire fat ou suffisant dans un registre plus littéraire.



15/01/2025
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