Françoise NORE

Françoise NORE

GRAMMAIRE

Cette catégorie propose des fiches sur des points de grammaire particulièrement délicats de notre langue.


Les adjectifs composés

Un adjectif qualificatif composé est formé de deux adjectifs ou d'un adverbe et d'un adjectif. Généralement, les deux éléments sont liés par un trait d'union.

Tout comme les noms composés, les adjectifs composés forment leur pluriel de différentes façons.

 

 

Règles générales

 

 

Deux adjectifs variables en genre et en nombre

 

Cette catégorie ne concerne qu'un petit nombre d'adjectifs, parmi lesquels :

 

  • aigre-doux > aigres-doux, aigre-douce, aigres-douces
  • sourd-muet > sourds-muets, sourde-muette, sourdes-muettes

 

Quand l’adjectif tout est le premier élément, il est invariable dans les adjectifs masculins et variable dans les adjectifs féminins :

 

  • tout-puissant > tout-puissants
  • toute-puissante, toutes-puissantes

 

On notera que franc ne varie qu'au masculin pluriel :

 

  • franc-comtois, francs-comtois
  • franc-comtoise, franc-comtoises

 

Mais, dans l'adjectif franc-maçonnique, seul l'élément maçonnique varie :

 

  • franc-maçonnique (m. sing. et f. sing.)
  • franc-maçonniques (m. pl. et f. pl.)

 

 

Un adverbe et un adjectif variable

 

Dans ce type d'adjectif, seul l'élément adjectival s'accorde. Aussi doit-on veiller à bien identifier dans le premier élément un adjectif pris adverbialement, et donc invariable, dans les exemples suivants), et non un adjectif dans sa fonction traditionnelle :

 

  • avant-coureur > avant-coureurs[1]
  • court-vêtu > court-vêtus, court-vêtue, court-vêtues
  • nouveau-né > nouveau-nés, nouveau-née, nouveau-nées
  • mort-né > mort-nés, mort-née, mort-nées.

 

Toutefois, selon un usage ancien, et bien que le premier élément soit un adjectif pris adverbialement, il arrive que les deux éléments varient :

 

  • grand ouvert > grands ouverts, grande ouverte, grandes ouvertes
  • frais éclos > fraîche éclose, fraîches écloses
  • large ouvert > larges ouverts, large ouverte, larges ouvertes
  • bon dernier > bons derniers, bonne dernière, bonnes dernières
  • premier-né > premiers-nés, première-née, premières-nées
  • dernier-né > derniers-nés, dernière-née, dernières-nées

 

 

Premier élément se terminant par -a, -i ou -o

 

Tous les adjectifs relevant de cette catégorie accordent uniquement leur second élément :

 

  •  extra-utérin > extra-utérins, extra-utérine, extra-utérines
  •  ultra-moderne > ultra-modernes
  •  demi-mort > demi-morts, demi-morte, demi-mortes
  •  tragi-comique > tragi-comiques
  •  auto-immunitaire > auto-immunitaires
  •  indo-européen > indo-européens, indo-européenne, indo-européennes

 

 

Cas particuliers

 

Les adjectifs composés dérivant d'un nom composé voient seulement leur second élément varier :

 

  • Extrême-Orient > extrême-oriental, extrême-orientale, extrême-orientaux, extrême-orientales
  •  Grand duc > grand-ducal, grand-ducale, grand-ducaux, grand-ducales
  •  Basse Allemagne > bas-allemand, bas-allemande, bas-allemands, bas allemandes

 

Les adjectifs composés avec bas, haut ou hors n'ont pas de trait d'union et sont invariables :

 

  • des produits bas de gamme
  • des voitures haut de gamme
  • des tirs hors jeu

 

En revanche, ceux qui contiennent mal présentent différentes structures, et donc différents comportements en ce qui concerne la forme de pluriel :

 

  • des gens mal-en-point
  • des gens malavisés

 

Les adjectifs composés de l'élément anti et d'un nom sont généralement variables : des dispositifs antichocs. Mais un certain nombre d'entre eux sont invariables : des fenêtres anti-effraction. D'autres, selon Larousse, peuvent être variables ou invariables : des médicaments antidouleur ou antidouleurs.

 

Les adjectifs composés avec la particule négative non s'écrivent généralement sans trait d'union ni soudure : non conformiste, non voyant. Les occurrences anciennes de ces adjectifs montrent qu’ils prenaient auparavant un trait d’union, mais la tendance, depuis une vingtaine d’années environ, est à la simple juxtaposition des deux éléments.[2] On notera que l'adjectif nonpareil « sans équivalent » est le seul adjectif à pouvoir s'écrire avec soudure aussi bien qu'avec un trait d'union, voire par juxtaposition, mais c’est la soudure qui est la forme de graphie la plus fréquente.

 

 

Les adjectifs de couleur composés

 

Les adjectifs de couleur composés sont invariables. Ils sont généralement formés de plusieurs mots et présentent les structures suivantes :

 

 

Deux adjectifs pour une couleur, le second précisant la nuance

 

  •  des cerises rouge sombre
  •  des feuilles vert foncé
  •  des tapis bleu verdâtre

 

 

Un adjectif suivi d'un nom qui en caractérise la couleur

 

  • une veste jaune citron
  • des tentures bleu marine

 

 

Deux adjectifs de couleur simples reliés par un trait d'union, indiquant une couleur obtenue en en mélangeant deux

 

  • des pulls bleu-vert

 

 

Une expression métaphorique comprenant et ou un trait d'union

 

  • des cheveux poivre et sel
  • des robes feuille-morte

 

 

Une expression métaphorique comprenant un complément de nom introduit par de et dont les éléments sont reliés entre eux par des traits d'union

 

  • des tissus lie-de-vin

 

Dans cette catégorie entrent également les adjectifs gorge-de-pigeon, tête-de-Maure, tête-de-nègre, vert-de-gris.

 



[1]  On notera que le féminin d'avant-coureur est avant-courrière(s).

 

[2]  Cela permet notamment de distinguer l’adjectif du nom, dans la mesure où les noms composés avec non prennent tous un trait d'union (non-alignement, non-violence).


26/06/2022
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Les noms épithètes

Définitions et problèmes

 

Les noms épithètes sont des noms qui accompagnent d’autres noms et qui se trouvent en position d’adjectif épithète postposé par rapport à ces derniers. Leur emploi se révèle difficile lorsque le nom principal est au pluriel : faut-il accorder ces noms épithètes au pluriel ?

 

Afin de résoudre ce problème, il convient de recourir à l’examen du rapport sémantique entre les deux noms. En effet, selon la règle énoncée par l'Académie, le nom en position d'adjectif varie si l'on peut établir une relation d'équivalence entre les deux noms : des mots clefs sont des mots qui sont des clefs pour comprendre quelque chose, des visites surprises sont des visites qui sont des surprises pour celui qui en fait l’objet. On parle alors de noms qualifiants. Si cette équivalence n'existe pas, il s'agit d'un tour elliptique : le syntagme des verres ballon ne désigne pas des verres qui seraient des ballons, mais des verres en forme de ballon. Ces noms épithètes sont ainsi des noms compléments ou relationnels, et ils doivent rester invariables.[1] Notons toutefois que les critères de choix restent subjectifs, ce qui rend l’usage parfois flottant.

 

 

Noms qualifiants ou noms compléments ?

 

Pour reprendre les exemples donnés par l’Académie française, des danseuses étoiles comprend un nom qualifiant, car il s’agit de danseuses qui sont des étoiles, et des films culte ne sont pas des films qui sont des cultes, mais des films qui font l’objet d’un culte. D’ailleurs, on évoque aisément des ossatures métal et non *des ossatures métaux, car la formulation exacte et complète devrait être des ossatures de (ou en) métal.[2] L'époque contemporaine, tout particulièrement dans les domaines de la publicité et du commerce, multiplie ce genre de formules, comme carte fidélité ou espace détente.

 

Certains noms peuvent être utilisés à la fois dans des structures d'équivalence et dans des structures relationnelles, ce qui peut poser un certain problème d'accord, car il est parfois difficile de d'identifier la vraie structure d'un mot de ce genre: Ainsi :

 

  • des serviettes éponges, si l’on sous-entend des serviettes qui sont des éponges ;
  • des serviettes éponge, si l’on sous-entend des serviettes en éponge.

 

De la même façon, un syntagme comme des remèdes miracle(s) peut être compris de deux façons : les remèdes sont assimilés métaphoriquement à des miracles, ce qui oblige à écrire des remèdes miracles ; mais on peut aussi considérer qu'il s'agit de médicaments dont l'effet relève du miracle, et cette tournure elliptique doit être écrite des remèdes miracle. On constate donc que la mise au pluriel du second nom peut souvent relever d'une interprétation personnelle du syntagme.

 

Parmi ces noms utilisables comme qualifiants ou comme compléments, on peut citer cadeau :

 

  • une carte-cadeau : le pluriel est des cartes-cadeaux, car il s'agit de cartes qui sont un cadeau ;
  • un emballage-cadeau : le pluriel est des emballages-cadeau, car on parle ici d'emballages conçus pour présenter un cadeau et non pas d'emballages qui seraient des cadeaux.

 

Mais l'analyse n'est pas toujours aussi aisée. Par exemple, le pluriel du syntagme idée-cadeau n'est pas tranché. Certains préconisent d'écrire des idées-cadeau si l'on veut dire « des idées de cadeau à offrir » et des idées-cadeaux si l'on veut évoquer plusieurs idées de différents cadeaux. Toutefois, l'examen des formes en usage montre une plus grande utilisation de la forme idées-cadeau, quel que soit le nombre de présents dont il s'agit : écrire des idées-cadeaux reviendrait à évoquer des idées qui seraient elles-mêmes des cadeaux, ce qui est difficilement concevable.

 

Notons que le rapport de sens entre le nom employé comme adjectif et le nom qu’il accompagne est dans certains cas difficile à établir. De fait, deux graphies sont parfois possibles : des formules chocs « des formules qui sont comme des chocs », des formules choc « des formules qui font l’effet d’un choc ».

 

 

Les noms qualifiants

 

Les syntagmes avec nom qualifiant s'apparentent à la métaphore puisque, dans l'esprit du locuteur, les deux noms représentent un même objet ou un même concept. Mais on ne peut nier qu'il existe une certaine subjectivité dans l'appréciation, comme cela vient d’être montré. Toutefois, entre le nom qualifiant et le nom qu’il caractérise, on peut ajouter qui est ou qui est comme : un roman-fleuve est un roman qui est comme un fleuve. De ce fait, le nom qualifiant varie en nombre.

 

En ce qui concerne le trait d'union, rappelons que celui-ci est la marque de la lexicalisation d'un mot : plus une forme est courante et donc entrée dans l'usage, plus est forte la tendance à l'écrire avec un trait d'union, ce qui fait d'elle un véritable nom composé. L’emploi du trait d’union est donc lié au degré de figement de l’expression. On notera cependant que l'Académie écrit généralement ces syntagmes sans trait d'union, même pour des noms largement entrés dans le lexique, comme mot clef. Mais il existe encore des hésitations : doit-on écrire mot mystère ou mot-mystère ?

 

Le tableau suivant propose une liste non exhaustive de syntagmes à structure d'équivalence avec noms qualifiants variant au pluriel. La première colonne donne les noms utilisés en position d'adjectif et la seconde indique la forme du syntagme au pluriel.

 


aiguille

des talons aiguilles

 

miracle

des solutions miracles

cadre

des lois-cadres

 

modèle

des livres modèles

chef

des infirmières-chefs

 

monstre

des concerts monstres

cible

des clients cibles

 

mystère

des mots-mystères

clé

des mots clés, des postes clés

 

passerelle

des classes passerelles

conseil

des ingénieurs-conseils

 

phare

des produits phares

coup de poing

des propos coups de poing

 

piège

des questions pièges

écran

des murs écrans

 

pilote

des lycées pilotes

étoile

des danseuses étoiles

 

pirate

des disques pirates

fantôme

des vaisseaux fantômes

 

pivot

des employés-pivots

filtre

des papiers filtres

 

plafond

des montants plafonds

fleuve

des romans fleuves

 

plancher

des prix planchers

force

des idées forces

 

record

des vitesses records

fourreau

des robes fourreaux

 

roi

des enfants rois

frontière

des postes frontières

 

souvenir

des photos-souvenirs

limite

des cas limites

 

surprise

des cadeaux-surprises

maître

des documents maîtres

 

synthèse

des études synthèses

maîtresse

des pièces maîtresses

 

témoignage

des livres témoignages

massue

des arguments massues

 

témoin

des appartements témoins

melon

des chapeaux melons

 

type

des dossiers types

mère

des sociétés mères

 

vedette

des mannequins vedettes

 

 

Remarques

 

  • Pour ingénieurs-conseils, l'usage est d'utiliser un trait d'union entre les deux noms.

 

  • En position d'adjectif, limite a deux sens : « extrême, maximal » et « tout juste acceptable » dans le langage familier. Il n'est jamais précédé d'un trait d'union. On notera par ailleurs que Larousse accepte aussi des cas limite.

 

  • Modèle peut être uni au nom qu'il accompagne par un trait d'union, mais l'usage est flottant.

 

  • Mot clé peut s'écrire mot-clé et poste clé peut aussi être graphié poste-clé. Mais hormis ces deux cas, aucun autre syntagme formé avec clé ne prend de trait d'union.

 

  • Avec phare, l'usage du trait d'union est flottant, d'autant que les grammairiens n'ont pas tranché sur ce sujet.

 

  • On n'utilise pas de trait d'union avec pilote. On ne confondra pas ces syntagmes avec bateau-pilote et poisson-pilote qui ne ressortissent pas au schéma du syntagme de deux noms mais qui sont des noms composés.

 

  • Le trait d'union avec souvenir est d'un usage fluctuant ; les deux graphies sont acceptées.

 

  • L’usage ou non du trait d'union avec surprise n’est pas non plus fixé.

 

  • Le trait d'union est possible avec synthèse.

 

  • On peut utiliser témoin avec ou sans trait d'union, mais on veillera à garder l'invariabilité à l'expression à témoin : Le candidat a pris les journalistes à témoin.

 

  • Avec type, le trait d'union se rencontre dans des mots qui sont maintenant lexicalisés.

 

 

Les noms compléments

 

Le nom complément s’analyse comme la réduction d’un syntagme contenant une préposition : une sauce pesto est en réalité une sauve au pesto ; il n’y a pas d’équivalence ou d’identité entre les deux noms. De ce fait, le nom complément reste invariable. Cette forme elliptique est critiquée ; pour conseils beauté, la formulation correcte est conseils de beauté. Il en va de même avec l'expression capital de sympathie (ou de confiance) qu'il n'est pas rare d'entendre sous la forme capital sympathie. On notera que ces formes sont largement employées par le domaine de la publicité, et du monde commercial en général.

 

Le tableau suivant présente des syntagmes dans lesquels le second nom n'est donc pas considéré comme un équivalent sémantique du premier nom : un verre ballon ne nomme pas un verre qui serait un ballon mais un verre qui a la forme d'un ballon. Dans ce genre de syntagme, le trait d'union est très rarement employé.

 

 

après-vente

des services après-vente

ballon

des verres ballon

beauté

des conseils beauté

bidon

des informations bidon

bon marché

des produits bon marché

choc

des photos choc

commando

des opérations commando

couleur

des photos couleur

courriel

des adresses courriel

crème

des cafés crème

culte

des films culte

dernier cri

des vêtements dernier cri

éclair

des guerres (visites, voyages, etc.) éclair

éprouvette

des bébés éprouvette

fantaisie

des bijoux fantaisie

filtre

des cafés filtre

frontière

des villes frontière

gâteau

des grand-mères gâteau

grand public

des chansons grand public

haut de gamme

des produits haut de gamme

kraft

des papiers kraft

laser

des imprimantes laser

lingerie

des rayons lingerie

maison

des tartes maison

marathon

des pourparlers marathon

minceur

des produits minceur

nature

des yaourts nature

papier

des copies papier

placebo

des effets placebo

poids plume

des poids plume

radar

des écrans radar

santé

des forfaits santé

sport

des voitures sport

tendance

des couleurs tendance

vapeur

des légumes vapeur

vidéo

des cassettes vidéo

web

des concepteurs web

 

 

Remarques

 

  • La locution à bon ou à meilleur marché est préférable à bon marché. On notera que à est obligatoire dans à bon (ou meilleur) marché « avec peu de peine, aisément ».

 

  • On rencontre parfois le trait d'union avant choc, mais la forme sans trait d'union est plus fréquente.

 

  • Photo couleur est une ellipse pour photo en couleur.

 

  • Films culte est la graphie préconisée par l'Académie, mais la forme des films cultes est assez fréquemment employée, notamment par Larousse. Ce pluriel de culte nous semble fautif, mais il peut s’expliquer par le fait que, dans le langage familier, culte est employé en position d'adjectif, avec une forte valeur laudative : le dernier disque de Jules est vraiment culte !

 

  • Dernier cri est aussi une locution nominale : cette voiture est le dernier cri en matière de confort.

 

  • Bébé éprouvette est un rare exemple de structure relationnelle dans laquelle le trait d'union est utilisé puisqu'on rencontre assez souvent la forme bébé-éprouvette, en dépit de toute logique : un bébé ne peut ni être une éprouvette ni en avoir l'apparence.

 

  • Des papiers kraft est correct, mais des feuilles de papier kraft est un syntagme plus fréquent.

 

  • Laser n'est jamais précédé d'un trait d'union.

 

  • Maison est toujours invariable dans ce contexte et n'est jamais précédé d'un trait d'union. Notons également que maison peut être attribut invariable : toutes nos confitures sont maison.

 

  • La forme écran radar est critiquée, car il faudrait plutôt dire un écran de radar.

 

  • Tendance « à la mode » n'est jamais utilisé avec un trait d'union.

 

  • Il convient de ne jamais employer de trait d'union avec web.

 

 

Au vu de ces exemples, on comprend aisément que le second nom apparaît comme l’abréviation d’une formulation plus longue : des produits minceur sont des produits qui favorisent la minceur.

 

Par ailleurs, si l'on veut former un syntagme de ce type, on évitera d'imiter la syntaxe anglaise qui consiste à placer le déterminant avant le déterminé La syntaxe française veut l'ordre déterminé-déterminant. Ainsi, il est fautif de dire une vidéo cassette ; la forme correcte en français est cassette vidéo. Cette règle s'applique également aux noms propres, notamment aux marques : on ne dira pas Dugourmand Comestibles mais Comestibles Dugourmand.

 

 

Désaccords

 

L'examen de dictionnaires et d'ouvrages normatifs permettra au lecteur de se rendre aisément compte que tous les lexicographes et auteurs ne sont pas systématiquement d'accord sur le pluriel du second nom ou sur l'emploi du trait d'union. Nous donnons ici des mots dont la graphie, sauf mention contraire dans le corps de cet article, a emporté l'avis général des grammairiens. Cela étant, tous les dictionnaires ne sont pas d’accord, comme le montre le tableau suivant :

 

 

 

Hanse

Larousse

Robert

Bescherelle

des prix choc

des mesures(-)chocs

des prix choc

des prix(-)chocs

des mots clés

des mots-clés

des mots-clés

des mots(-)clés

?

des films(-)cultes

des films cultes

des films(-)cultes

des voyages éclair

des voyages(-)éclair

des visites éclair

des voyages éclair(s)

des remèdes miracles

des médicaments miracle

des solutions miracle

des médicaments miracles

des ventes records

des chiffres record

des chiffres record(s)

des prix records

 

 

Conclusion

 

Si l’on examine le corpus utilisé tout au long de cette étude, il apparaît que les cas litigieux en ce qui concerne la nature du second nom, qualifiant ou complément, ne sont guère nombreux. Certes, certains syntagmes peuvent poser un problème d’analyse, et cette analyse est essentielle afin de décider de l’accord ou non du nom épithète. Toutefois, la grande majorité de ces formations sont faciles à caractériser, et le choix entre accord ou non-accord se fait aisément. Il convient cependant de ne pas négliger la dimension de la subjectivité personnelle dans l’analyse du rapport entre les deux noms.

 

En ce qui concerne l’utilisation du trait d’union, celle-ci ne peut se faire que lorsque la lexicalisation du nom est pleinement accomplie. Se pose alors la question suivante, celle de l’incorporation ou non de ces syntagmes dans la catégorie des noms composés.

 

 

 



[1]  Sur son site, l'Académie française propose l’analyse suivante : « Au pluriel [...], le nom apposé varie uniquement si on peut établir une relation d’équivalence entre celui-ci et le mot auquel il est apposé. Ainsi, on écrira Les danseuses étoiles regardent des films culte, car si l’on considère que les danseuses sont des étoiles (elles ont les mêmes propriétés qu’elles, elles brillent de la même façon), il est évident que les films ne sont pas des cultes, mais qu’ils font l’objet d’un culte. ».

 

[2]  On ne confondra pas une ossature acier « une ossature en acier » avec une moquette acier « une moquette couleur de l'acier », cette seconde construction étant tout à fait correcte.


03/06/2022
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Les noms composés

Les noms composés posent essentiellement deux problèmes : leur variation au pluriel et la présence ou non d'un trait d'union entre les composants. En ce qui concerne la variation en nombre, et même si l’on constate un certain nombre d’exceptions, il existe quelques règles de base à maîtriser.

 

 

1.    La variation au pluriel

 

Théoriquement, seuls les éléments habituellement variables en nombre, c'est-à-dire les noms et les adjectifs, peuvent prendre la marque du pluriel. Les autres éléments que sont les formes verbales, les adverbes, les prépositions et les pronoms, restent invariables. Mais cette règle de base n'est pas toujours respectée. Les paragraphes suivants présentent les difficultés liées à la graphie des noms composés.

 

 

Variation des deux éléments

 

Dans la structure nom + adjectif ou adjectif + nom, les deux éléments prennent la marque du pluriel :

     un coffre-fort, des coffres-forts.

 

Dans la structure nom + nom, les deux éléments prennent généralement eux aussi la marque du pluriel (voir paragraphe ci-dessous) :

     un stylo-feutre, des stylos-feutres.

 

 

Variation seule du premier élément

 

Il existe toutefois des noms composés qui présentent aussi la structure nom + nom, mais chez lesquels seul le premier nom est au pluriel, le second étant considéré comme un complément du premier :

     un timbre-poste, des timbres-poste « des timbres pour la poste ».

 

Parfois, les deux noms sont reliés par une préposition, et le second nom ne prend généralement pas la marque du pluriel :

     un chef-d'œuvre, des chefs-d'œuvre.

 

Mais l'usage peut être flottant, et différentes formes de pluriel peuvent être acceptées :

     un clin d'œil, des clins d'œil ou des clins d'yeux.

 

 

Variation seule du second élément

 

Il existe plusieurs types de noms composés dont seul le second élément prend la marque du pluriel. Ce sont les noms ayant les formes suivantes :

 

  • forme verbale + nom : la forme verbale est toujours invariable et prend généralement la forme de la troisième personne du singulier du verbe au présent. Si le second nom désigne un objet comptable, il se met au pluriel :

     un tire-bouchon, des tire-bouchons[1]

 

  • préposition + nom ou adverbe + nom : ici, le nom seul prend la marque du pluriel :

     une arrière-boutique, des arrière-boutiques

     un jusqu'au-boutiste, des jusqu'au-boutistes

     un à-côté, des à-côtés

     un à-coup, des à-coups

     un à-pic, des à-pics

     un haut-parleur, des haut-parleurs

     un nouveau-né, des nouveau-nés[2]

     un après-midi, des après-midis (en concurrence avec des après-midi)

 

  • adverbe + adjectif : seul l'adjectif peut varier :

     un trop-plein, des trop-pleins

 

  • vice + nom : dans ces noms, vice est considéré comme un préfixe et est donc invariable :

     un vice-président, des vice-présidents

 

  • premier élément terminé par a, é, i ou o : seul le second nom peut varier au pluriel :

     un ciné-club, des ciné-clubs

     un auto-stoppeur, des auto-stoppeurs

 

  • terre + nom ou adjectif : seul le second élément varie :

     un terre-neuvien, des terre-neuviens.

 

 

Noms invariables

 

Certains noms sont forcément invariables en raison de la nature de leurs éléments :

 

  • forme verbale + nom déjà au pluriel :

     un sèche-cheveux, des sèche-cheveux

 

  • forme verbale + nom indénombrable :

     un brise-glace, des brise-glace

 

  • forme verbale + nom indénombrable généralement utilisé au singulier :

     un porte-monnaie, des porte-monnaie

 

  • forme verbale + deuxième élément + verbe :

     un pince-sans-rire, des pince-sans-rire

     un va-et-vient, des va-et-vient

 

  • forme verbale + nom propre :

     un prie-Dieu, des prie-Dieu

 

  • forme verbale + article au singulier + nom au singulier :

     un trompe-l'œil, des trompe-l'œil

 

  • forme verbale + complément circonstanciel :

     un réveille-matin, des réveille-matin[3]

 

  • forme verbale + adjectif à valeur adverbiale :

     un gagne-petit, des gagne-petit

 

  • forme verbale doublé :

     un cache-cache, des cache-cache

 

  • forme verbale + nom, le tout formant un composé de sens figuré :

     un croque-monsieur, des croque-monsieur

 

  • forme verbale + adverbe :[4]

     un dors-bien, des dors-bien

 

  • locution ou phrase :

     un m'as-tu-vu, des m'as-tu-vu

     un on-dit, des on-dit

     un ouï-dire, des ouï-dire

     un à-peu-près, des à-peu-près

     un pis-aller, des pis-aller

     un à-propos, des à-propos

     un quant-à-soi, des quant-à-soi

 

  • parfois, le singulier est commandé en toute logique par le sens :

     un perce-neige, des perce-neige (ces fleurs percent la neige en général)

     un lave-linge, des lave-linge (linge est d'un emploi très rare au pluriel)

     un tête-à-tête, des tête-à-tête[5]

 

  • noms communs tirés de noms propres comportant l'adjectif saint :

     un saint-bernard, des saint-bernard

     un saint-honoré, des saint-honoré.

 

 

Les noms composés étrangers

 

Les noms composés étrangers n'obéissent pas à une règle unique qui serait valable pour tous.

 

Les composés latins non francisés sont invariables : des post-partum, des post-scriptum. Il existe toutefois une exception : des ex-votos. On notera que les noms composés latins francisés dans leur graphie, notamment par l'adjonction d'accents, prennent la marque du pluriel : des fac-similés.

 

Des noms composés provenant d'autres langues peuvent aussi être invariables, comme des osso buco, des prima donna.

 

En ce qui concerne les noms composés empruntés à l'anglais, les règles sont fixées. Ceux qui se terminent par l'élément up et qui comportent un trait d'union sont invariables : des pick-up, des pin-up, des start-up, alors que ceux qui n’en comportent pas varient : des startups. Les autres types de noms composés d'origine anglaise prennent un trait d'union et voient leur second élément varier en nombre : des week-ends. Enfin, la plupart de ceux dont le premier élément est une forme verbale, une préposition ou un adverbe restent invariables : des after-shave, des coming-out. On notera toutefois l’exception des pull-overs.

 

Nous donnons ci-dessous un tableau présentant le pluriel français de quelques noms composés anglais.

 

article mots composés - composés anglais.jpg

 

Remarque

On rencontre également les pluriels des garden-parties et des self-made-men.

 

 

 

 

 

Les onomatopées

 

Les noms composés formant des onomatopées n'obéissent pas non plus à une règle unique.

 

Lorsque les deux éléments sont soudés, le nom prend la marque du pluriel : des ronrons. Mais l'onomatopée est généralement invariable lorsqu'un trait d'union lie les deux éléments : des coin-coin, des tic-tac. Toutefois, la graphie des tic-tacs est acceptée, et les rectifications orthographiques de 1990 préconisent la soudure : des tictacs.

 

On remarquera que frou-frou a, lui aussi, plusieurs pluriels : des frou-frous et des frous-frous.

 

Enfin, lorsque les deux éléments onomatopéiques sont reliés par une préposition, le nom reste invariable : des bric-à-brac.

 

 

Les noms formés avec l'adjectif grand

 

L'adjectif grand n'est pas suivi par un trait d'union quand il est utilisé avec les noms masculins officier, prêtre, prix et vizir : le grand officier va concourir pour le grand prix. Avec tous les autres noms, le trait d'union s'impose : un grand-père. Dans tous les cas, l'adjectif masculin grand s'accorde au pluriel : des grands prix, des grands-oncles.

 

On notera que grand-duc désignant le propriétaire d'un grand-duché prend un trait d'union et que grand duc « oiseau de proie » n'en prend généralement pas, même si certains grammairiens ne le refusent pas.

 

L'adjectif féminin grande, pour sa part, s'unit toujours au nom qui le suit par un trait d’union : une grande-duchesse. On notera son invariabilité totale lorsqu'il est employé avec les noms féminins suivants : chose, croix[6], faim, maman, mère, messe, peine, peur, place, route, rue, salle, soif, tante et voile : une grand-tante, une grand-place, des grand-mères, des grand-voiles. Cela concerne aussi les locutions à grand-peine et pas grand-chose.[7]

 

Toutefois, mettre un s à grand est aujourd'hui accepté par les recommandations orthographiques déjà évoquées, et l'on peut donc écrire des grands-mères[8].

 

Enfin, signalons que la règle générale s’applique aussi aux composés avec arrière : des arrière-grand-mères.

 

 

Quelques autres cas particuliers

 

Aller-retour pose un problème lorsqu’il est employé seul : Larousse, le Petit Robert, Hanse et l’Académie française préconisent allers-retours, tandis que Girodet et Thomas sont pour l’invariabilité. Mais, lorsqu’il est apposé à un nom, aller-retour est invariable : des billets aller-retour. Notons que les rectifications orthographiques de 1990 préfèrent des aller-retours.

 

Le pluriel d'un ayant droit est des ayants droit. Il s'agit là d'une survivance de l'époque où le participe présent s'accordait et devenait un nom.

 

Le nom chevau-léger « cavalier de la garde du roi » a la forme de pluriel des chevau-légers : la forme de singulier chevau au lieu de cheval s'explique par le fait que le nom chevau-légers fut d'abord utilisé au pluriel avant de l'être au singulier. Toutefois, l'absence contemporaine du x au pluriel dans chevau-légers reste inexplicable, car les premières attestations du mot présentaient bien le x.

 

Le nom pot-au-feu est invariable. Au début du XXe siècle, Larousse donnait pour pluriel des pots-au-feu, mais la forme ne s'est pas imposée, probablement en raison de la prononciation du singulier qui fait entendre le t de pot, ce t ne devant normalement plus s'entendre dans le cas d'un pluriel ayant la forme *pots-au-feu.

 

En totale contradiction avec ce qui précède, un guet-apens fait bien au pluriel des guets-apens, alors que l'on continue de faire sonner le t de guet dans le pluriel, ce qui, en toute logique, ne devrait pas être.

 

Quand franc fait partie d'un nom composé masculin, les deux éléments prennent la marque du pluriel : un franc-maçon, des francs-maçons. Mais on notera que, dans un composé féminin, franc- est invariable : une franc-maçonne, des franc-maçonnes. Remarquons aussi l'expression jouer franc-jeu, dans laquelle franc-jeu prend un trait d'union.

 

Mi est toujours suivi d'un trait d'union et reste invariable : des mi-temps. Il en va de même pour demi et pour semi : des demi-victoires, des semi-victoires.

 

L'expression à demi-mot est toujours au singulier. Demi s’unit au nom qui le suit par un trait d'union : parler à demi-mot. S’il précède un adjectif, son trait d’union disparaît : un verre à demi plein.

 

 

2.    Le trait d'union

 

La grande majorité des noms composés s'écrivent avec un trait d'union. Quelques noms, toutefois, font exception et soudent leurs deux éléments, notamment baisemain, boutefeu, courtepointe, lèchefrite, mainlevée, mainmise, mainmorte, malemort, pattemouille, portefaix, trictrac, zigzag. On notera que quelques rares autres noms composés ne comprennent ni soudure ni trait d'union, comme clin d’œil, compte rendu ou opéra bouffe.[9]

 

Suite aux rectifications orthographiques de 1990, on observe une tendance à agglutiner les éléments des noms composés qui comprennent un élément verbal ou certains préfixes. Le trait d'union disparaît donc, et l'on peut écrire des parebrises. Rappelons toutefois que la forme traditionnelle des pare-brise reste heureusement acceptée.

 

On remarquera que les noms composés qui sont des métaphores de syntagmes existants ont généralement un ou deux traits d'union, contrairement aux expressions ayant servi de base pour la création métaphorique : une queue-de-pie « frac » et une queue de pie « la queue d'une pie ». Mais cette règle n’est pas générale ; ainsi, grand-duc « propriétaire d'un grand-duché » présente un trait d’union, alors que grand duc « oiseau de proie » en est exempt.

 

Cela étant posé, la difficulté d'utilisation du trait d'union concerne essentiellement les noms composés avec un préfixe.

 

 

Le trait d'union dans les noms composés savants

 

On appelle noms composés savants les noms formés avec des éléments grecs ou latins. La question de l'agglutination se pose alors ; le trait d'union est nécessaire quand une succession de deux voyelles provoquerait une erreur de prononciation : ainsi, agro-usine se lit sans difficulté, contrairement à une forme *agrousine, qui poserait de gros problème de compréhension. Le trait d’union est également indispensable si la voyelle finale du premier élément est identique à la voyelle initiale du second élément, comme dans auto-ouvrant. Pour ces raisons, nous avons conçu notre tableau de la façon suivante : la première colonne cite le préfixe, la deuxième indique les cas où la soudure est obligatoire ou usuelle, la troisième, ceux où le trait d’union est obligatoire ou préférable. Certains adjectifs ou adverbes sont cités comme exemples ; les noms suivent évidemment les mêmes règles. Ce tableau est visible en cliquant sur ce lien.

 

 

 

Le trait d'union dans les noms composés d'origine française

 

Des éléments français entrent également dans la formation de mots composés. Le tableau ci-dessous présente l'utilisation correcte des principaux formants relevant de cette catégorie.

 

 

 

article-noms-composés-préfixes-05.jpg

 




[1]  En 1990, le Conseil supérieur de la langue française proposa que l'élément nominal d'un composé soit toujours au singulier lorsque le composé est au singulier et toujours au pluriel lorsque le composé est au pluriel ; on aurait ainsi un pèse-lettre et des pèse-lettres. Toutefois, il nous semble difficile de refuser la graphie traditionnelle un pèse-lettres, car un seul de ces appareils peut en toute logique peser plusieurs plis. Si l’on suit cette proposition, il est permis d’adopter les graphies suivantes : un perce-neige et des perce-neiges, un abat-jour et des abat-jours, alors que neige est généralement non comptable et que plusieurs abat-jour n'abattent jamais qu'un seul jour.

Cette orthographe rectifiée est parfois acceptée par l'Académie, notamment pour pique-assiette, qui préconise le pluriel pique-assiettes.

Cependant, nous conseillons de privilégier les graphies traditionnelles, d'autant plus que les règles anciennes facilitent la compréhension des composés. On sait en effet que l'élément garde est invariable lorsqu'il s'agit d'une forme verbale et variable quand il désigne un humain : des garde-boue mais des gardes-malades. Or, selon la graphie rectifiée, on devrait écrire des garde-malades, à l’instar de garde-meubles ou de garde-manger, alors que l’élément garde dans garde-malade désigne un animé humain.

 

 

[2]  Ici, nouveau est considéré comme un adverbe. On écrit cependant des nouveaux-venus, des premiers-nés et des derniers-nés.

 

 

[3]  Matin est en effet une ellipse de l'expression au matin.

 

 

[4]  La forme verbale peut ne pas être la forme de la troisième personne du singulier du présent.

 

 

[5]  Même dans le cas de plusieurs rencontres, chaque tête-à-tête ne peut se faire qu'entre deux personnes disposant chacune d'un seul chef.

 

 

[6]  Grand-croix est féminin quand le nom désigne la dignité, et donc invariable au pluriel dans ce cas. Il est masculin et variable au pluriel lorsque, par métonymie, il nomme le récipiendaire : ces hommes sont des grands-croix.

 

 

[7]  En ancien français, grand était épicène, c’est-à-dire qu’il avait la même forme au masculin et au féminin, comme sympathique ; on disait donc une grand maison. Puis, durant le XVIe siècle, le e, marque traditionnelle du féminin, fut également utilisé pour grand. Toutefois, un certain nombre de tournures ou de noms féminins composés ont conservé la forme grand (voir notre liste).

 

 

[8]  Selon l’Académie française, il faut écrire des grand-mères, sans s à grand, mais Le Robert préconise des grands-mères, avec deux s, tandis que Larousse accepte l'une et l'autre formes. L’indécision est aussi de mise pour le pluriel de grand-voile, de grand-tante et de grand-messe.

 

 

[9]  Le mot composé soudé est un phénomène ancien : on relève, dans un texte de 1273, le nom faimidroit « droit de justice », composé de fai (forme de fais, de faire), de mi « à moi » et de droit « justice ».

 

 

[10]  Les éléments sont indépendants dans ex cathedra, ex æquo, ex abrupto.

 

 

[11]  On ne verra pas dans le nom pré-salé « mouton engraissé en bord de mer » un composé avec le préfixe pré-, mais un nom formé du nom pré et de l'adjectif salé.


15/05/2022
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"h" muet et "h" aspiré

Présent à l'initiale d'un mot, un h dit aspiré empêche toute liaison et toute élision : les X héros, le X hérisson, il me X harcèle, etc. Nous donnons ci-dessous une liste exhaustive des mots commençant par un h aspiré ainsi qu'une liste, non exhaustive celle-ci, de mots commençant par un h muet et que nombre de locuteurs prononcent comme s'il s'agissait de mots commençant par un h aspiré.

 

On remarquera que la liste des mots commençant par un h aspiré contient des mots très rares. Le lecteur aura plaisir et curiosité, n'en doutons pas, à en chercher le sens dans son dictionnaire préféré.

 

Le signe (*) après un mot signifie que tous les mots de sa famille sont également aspirés.

 

On notera que tous les mots anglais introduits en français ont un h aspiré, ainsi que les mots de leur famille : half court, half-pipe, half-track, hall, hamburger, hammerless, handicap, happening, happy end, happy few, hard, hard-core, hard-rock, hard-top, has been, hashtag, herd-book, hereford, hickory, highlander, high-tech, hip-hop, hit-parade, hobby, holding, hold-up, home, home-jacking, home studio, home-trainer, horse-ball, horse-guard, hot, hot dog, hot line, house, house-boat, hub, hunter, hurricane, husky, hype.

 

 

Mots commençant par un h aspiré

 

habanera

hâblerie

hâbleur

hache (*)

hachis

hachoir

hachurer

hadal

haddock

hadith

hadj

hadron

hafnium

hagard

haggis

haïdouk

haie

haïk

haïkaï

haïku

haillon

haine (*)

hainuyer

haïr (*)

haire

haka

hakka

halage

halakha

halal

halbi

halbran

halener

haler

hâler (*)

haleter (*)

halicte

hall

halle

hallebarde (*)

hallier

hallstattien

halo

hâloir

halte

halte-garderie

halva

hamac

hamada

hameau

hammam

hampe

hamster

hanafisme

hanap

hanbalisme

hanche

handball

hangar

hanneton

Hanoukka

hanse

hanséatique

hantavirus

hanter

hantise

haoussa

happe

happer

haquenée

hara-kiri

harangue (*)

haras

harasse

harasser (*)

harceler (*)

harde

hardes

hardi (*)

harem

hareng (*)

haret

harfang

hargne (*)

haricot

haridelle

harissa

harki

harle

harnacher (*)

harnais

haro

harpail ou harpaille

harpe

harpie

harpon

harraga

hasard

haschisch

hase

hassidim (*)

hassium

hâter (*)

hattéria

hauban (*)

haubert

hausser (*)

haussier

haut (*) [1]

hautain

hautbois

haut-parleur

hautin

haüyne

havage

havanais

havane

hâve

haveneau

haver

havre

havresac

hayon

heaume

hélas

héler

henné

hennin

hennir (*)

henry

héraut

hercher

hère

hérisser

hérisson

hernie

héron

héros

herse (*)

hertz

hêtre (*)

heurter (*)

hiatus

hibou

hic

hic et nunc

hideur (*)

hidjab

hiérarchie (*)

hiérarque

hiératique

hi-fi

hile (*)

hindi

hip-hop

hippie

hisser

hittite

H.I.V.

H.L.M.

hobereau

hocco

hochepot

hochequeue

hocher (*)

hochet

hockey

holà

hold-up

hollandais

hollande

hollywoodien

holster

homard

home cinéma

hondurien

hongre (*)

hongrois (*)

honnir

honoris causa

honte (*)

hooligan

hopak

hoquet

hoqueton

horde

horion

hormis

hornblende

hors

horsain ou horsin

hors-bord

hors-d'œuvre

hors-jeu

hors-la-loi

hors-média

hors-piste

hors-place

hors-série

hors-sol

hors(-)statut

horst

hors-texte

hotte

hottentot

hotu

houache

houari

houblon (*)

houdan

houe

houille

houka

houle

houlette

houlque

houmous

houppe

houppelande

hourd

hourder (*)

houri

hourra

hourvari

houspiller

housse (*)

houssoir

houx (*)

H.Q.E.

H.S.

H.T.

HTML

HTTP

huard

hublot

huche

hucher

huer (*)

huerta

huguenot

huis clos

huit (*)

huitain

huit-reflets

hulan

hulotte

hululer (*)

humer

Hun (*)

hune (*)

Hung

huppe

hure

hurler (*)

huron

hussard

hussite

hutin

hutte

 

 

Mots commençant par un h muet

 

habile

habit

habiter

habitude

haleine

hallali

halluciner

haltère

hameçon

harmonie

héberger

hécatombe

hégémonie

hélice

hélicoptère

hélium

hérésie

hériter

hermétique

hermine

héroïne

héroïquement

héroïsme

hiatus [2]

hidalgo

hier

hilarité

hirondelle

histoire

hiver

homme

honneur

horreur

huis [3]

huissier

humain

huître

hyène [4]

 

 

Remarques

 

Le nom héros a un h aspiré, au singulier comme au pluriel : le X héros, les X héros. On remarquera que le féminin héroïne a, lui, un h muet dans les deux cas : l'héroïne et les-z-héroïnes. Tous les autres dérivés de héros ont eux aussi un h muet : l'héroïque personnage, l'héroïsme de ce personnage, etc.

 

Anciennement, les lettres u et v n'étaient pas distinguées dans la graphie ; la forme vile pouvait représenter le nom huile ou l'adjectif vile. Aussi fut-il décidé d'ajouter un h au début des mots qui commençaient par le son /u/ afin de les distinguer de ceux qui commençaient par le son /v/ : vile "huile" devint donc huile, vit "huit" prit la graphie huit, vis devint huis quand cette forme transcrivait huis "porte" et non vis "petit outil", etc. On notera que cet h, qui n'est donc pas étymologique, est presque toujours muet (voir huis et huissier dans la liste ci-dessus).

 

On remarquera que huit a un h aspiré sauf dans dix-huit et dix-huitième.

 


[1] Tous les noms composés avec haut ont un h aspiré : haut-commissaire, haut-de-chausses, etc.

[2] L'Académie accepte le hiatus.

[3] On notera que l'on écrit et dit le huis-clos, car huis a ici un h aspiré.

[4] On ne dira donc pas *la hyène, comme on l'entend trop souvent.


14/08/2017
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Noms utilisés comme adjectifs de couleur

De très nombreux noms peuvent être utilisés comme adjectifs de couleur vu qu'ils désignent des objets ayant une couleur particulière (platine, ivoire, etc.) ; on compte parmi eux de très nombreux noms de légumes ou de fruits. Toutefois, ces noms ne peuvent s'accorder comme des adjectifs car leur utilisation s'apparente à un emploi elliptique : le syntagme des rideaux pomme est une abréviation du syntagme des rideaux de la couleur de la pomme ; de ce fait, pomme ne peut s'accorder avec rideaux et doit rester invariable.

 

La liste ci-dessous, qui se veut quasi exhaustive, indique ces noms d'objets qui peuvent être employés pour caractériser une couleur. On y remarquera de nombreux noms d'un emploi peu courant. Leur incorporation dans cette liste tient au fait qu'ils furent utilisés par des écrivains classiques faisant autorité en la matière, ce qui justifie pleinement leur présence dans ce tableau.

 

 

abricot                 céladon              indigo               pervenche

absinthe              cendre                isabelle            pétrole

acajou                  cerise                 ivoire               pie

acier                    chair                   jacinthe            pistache

agate                   chamois             jade                  platine

aigue-marine       champagne        jais                   plomb

albâtre                 châtaigne           jonquille           pomme

alezan                 chaudron            jujube               ponceau

aluminium           chêne                 kaki                   potiron

amadou              chocolat              laque                praline

amande              chrome               lavallière           prune

amarante            ciel                      lavande            puce

ambre                 cinabre               lilas                   réglisse

améthyste           citron                  lin                     réséda

anthracite            citrouille             magenta           rouille

ardoise                cobalt                maïs                  rubis

argent                  cognac              malachite          sable

argile                   colorado            mandarine         safran

asperge               coquelicot         marine               safre

aubergine            corail                 marron              sang

auburn                 crème               mastic               sanguine

aurore                 crevette             melon                saphir

avocat                 cuivre                menthe              sarcelle

azalée                 cyclamen          miel                    saumon

azur                    denim                moutarde           senois

banane               ébène                nacarat              sépia

beurre                 écrevisse          nacre                 serin

biche                   églantine          nankin                sinople

bisque                 émeraude         neige                 smalt

bistre                   épinard             nil                      soufre

bitume                 fer                     noisette             souris

blé                       feu                    noyer                 tabac

bordeaux             filasse               ocre                   tangerine

bourgogne           fraise                olive                   taupe

brique                  framboise         ombre                thé

bronze                 frêne                 opale                 tilleul

bruyère                fuchsia             or                       tomate

bulle                    garance            orange               topaze

bureau                gazelle              orchidée            tourterelle

cacao                 géranium           orpiment            turquoise

cachou               giroflée              orpin                  vanille

café                    glycine              outremer            vermillon

canari                 grège                paille                  zinc

cannelle             grenadine          papaye              zinzolin

capucine            grenat                parme

caramel             groseille             pastel

carmin               gueules              pastèque

carotte               hâle                    pêche

cassis                havane               perle

castor                héliotrope           pernod

 


On notera que, même s'ils désignent originellement des choses, les noms écarlate, fauve, incarnat, mauve, pourpre et rose doivent s'accorder :

 

           Nous vîmes des fleurs mauves et roses de toute beauté.

           La vedette aux ongles incarnats souriait aux photographes.

 


14/03/2017
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