GRAMMAIRE
Cette catégorie propose des fiches sur des points de grammaire particulièrement délicats de notre langue.
Liste de verbes accidentellement pronominaux non réfléchis
Dans cette catégorie de verbes pronominaux, le pronom se ne peut être analysé ni comme COD ni comme COI, et le participe passé de ces verbes est donc variable. Voici une liste non exhaustive de quelques-uns de ces verbes suivie d'exemples.
s'adresser à s'apercevoir de s'attacher à s'attaquer à s'attendre à s'aviser de se comporter se contenter |
se dérouler se donner se douter de se jouer de se mettre à se passer de se plaindre de |
se prêter à se prévaloir de se recueillir se refuser à se remettre de se rendre à se résoudre à |
se saisir de se servir de "utiliser" se taire se trouver s'échapper s'ennuyer s'y prendre |
Ils se sont adressés à l'hôtesse pour se renseigner.
Ils se sont prêtés au jeu.
Ils se sont attachés à progresser.
Elles se sont mises à la tâche avec ardeur.
Ils se sont donnés à fond dans leur mission.
Après des heures de marche, nous nous sommes trouvés au milieu d'une forêt.
Elle s'est contentée de le remercier.
Ils se sont encore plaints de ton travail.
Elles se sont passées de ton aide.
Elle s'est remise de son voyage.
Hier, nous nous sommes rendus à Paris.
Ils se sont longuement recueillis.
Quelques cas particuliers d'utilisation du participe passé
Omission des auxiliaires
Il arrive naturellement que deux ou plusieurs verbes composés se trouvent dans une même phrase ; la question qui se pose alors est celle de la répétition – ou non – de l'auxiliaire, qu'il s'agisse d'avoir ou d'être et que les verbes soient à la forme active ou passive.
On peut omettre le second auxiliaire – ainsi que son sujet – si les verbes sont au même temps, ont le même sujet, ont le même auxiliaire et sont tous les deux à la même voix, active ou passive. Cette double omission du sujet et du second auxiliaire est facultative ; toutefois, si le sujet est un nom propre, l'omission est impossible :
– Il a corrigé des copies et préparé ses cours suivants (= il a corrigé des copies et il a préparé ses cours suivants).
– Léo a corrigé des copies et préparé ses cours suivants (*Léo a corrigé des copies et Léo a préparé ses cours suivants).
Si les verbes présentent des sens opposés, l'omission de l'auxiliaire est possible dans les cas indiqués ci-dessus. Les éléments d'opposition sont alors et non, et non pas, mais, mais non, mais non pas, mais pas, non, non pas ou non plus :
Léo a rêvassé, mais non perdu son temps.
En revanche, s'il y a dans la phrase ne, ne pas ou ne plus, ou s'il n'y a pas de conjonction de coordination, la répétition de l'auxiliaire est obligatoire :
Léa a voulu se lever tôt mais n'a pas entendu le réveil sonner.
Répétition des auxiliaires
La répétition de l'auxiliaire est obligatoire dans les cas suivants :
– si avoir ou être est employé comme verbe plein et non comme auxiliaire :
Léo avait oublié ses livres et avait sa tête des mauvais jours.
– si avoir est l'auxiliaire de être :
Léa a pris des médicaments mais a été dans l'obligation de s'aliter.
Liste des verbes essentiellement pronominaux
Le tableau ci-dessous donne les verbes essentiellement pronominaux du français contemporain. La liste en a été établie à l'aide du Larousse en ligne. Sont présents les verbes employés seulement sous la forme pronominale ; ceux qui sont aussi utilisés sous la forme simple, et même si cette forme simple est moins fréquente que la forme pronominale, ont été exclus.
absenter (s') abstenir (s') accointer (s') accouder (s') accroupir (s') acharner (s') acharner (s') acoquiner (s') adonner (s') affairer (s') agenouiller (s') amouracher (s') amuïr (s') arroger (s') attabler (s') avérer (s') biturer (se) boyauter (se) carapater (se) carrer (se) chamailler (se) chroniciser (se) concrétionner (se) contorsionner (se) contreficher (se) cuiter (se) dandiner (se) dédire (se) déhancher (se) déjuger (se) |
délecter (se) démener (se) démerder (se) déprendre (se) désister (se) duveter (se) ébattre (s') échiner (s') écrier (s') efforcer (s') égailler (s') égosiller (s') embrancher (s') emparer (s') empiffrer (s') empresser (s') en aller (s') en prendre à (s') en retourner (s') en revenir (s') enamourer (s') encanailler (s') endimancher (s') enfuir (s') engouer (s') enkyster (s') enquérir (s') ensuivre (s') enticher (s') envoler (s') |
époumoner (s') éprendre (s') esbaudir (s') esclaffer (s') escrimer (s') évader (s') évanouir (s') évertuer (s') exclamer (s') extasier (s') fier (se) gargariser (se) gausser (se) gendarmer (se) goberger (se) goinfrer (se) gominer (se) gourer (se) immiscer (s') infatuer (s') ingénier (s') insurger (s') invétérer (s') lamenter (se) lignifier (se) magner (se) méconduire (se) méfier (se) méprendre (se) mésallier (se) |
morfondre (se) mutiner (se) obstiner (s') originer (s') pâmer (se) parjurer (se) pavaner (se) poiler (se) pommeler (se) prélasser (se) prosterner (se) ramifier (se) raviser (se) rebeller (se) rebiffer (se) récrier (se) réfugier (se) réincarner (se) renfrogner (se) rengorger (se) repentir (se) ressourcer (se) revancher (se) soucier (se) souvenir (se) suicider (se) tapir (se) targuer (se) trémousser (se) vautrer (se) |
Remarque
Tous les verbes commençant par s'auto-, s'entre- et s'inter- sont, par nature, toujours pronominaux.
L'accord du participe passé des verbes pronominaux
Il existe deux grandes catégories de verbes pronominaux : les verbes essentiellement (ou toujours) pronominaux et les verbes accidentellement pronominaux. Le problème vient de ce que cette distinction fondamentale est inconnue d'un certain nombre de locuteurs, qui accordent systématiquement le participe passé d'un verbe pronominal avec le sujet, alors que cet accord est loin d'être la règle dans tous les cas, comme nous allons le voir.
Les verbes essentiellement pronominaux
Un verbe essentiellement ou toujours pronominal est un verbe qui n'existe pas comme verbe simple, comme s'envoler. En outre, il n'est jamais accompagné d'un COD. De ce fait, le pronom se est analysé comme étant le COD, et le participe passé de ces verbes est toujours variable :
La candidate s'est envolée dans les sondages.
Cette règle générale a toutefois deux exceptions :
– s'arroger : contrairement aux autres verbes essentiellement pronominaux, s'arroger se construit avec un COD réel, et le pronom se en est le COI. Si le COD est placé après le verbe, le participe passé est invariable :
La directrice s'est arrogé des pouvoirs excessifs.
Mais le participe passé est bien sûr variable si le COD est placé avant lui :
Les pouvoirs que la directrice s'est arrogés sont excessifs.
– s'entrenuire : le participe passé de s'entrenuire est invariable car le pronom se a valeur de COI :
Les prétendants à l'investiture se sont entrenui pendant des mois (ils ont nui l'un à l'autre).
Les verbes accidentellement pronominaux
Les verbes accidentellement pronominaux sont des verbes qui existent aussi à la forme simple, comme laver et se laver. Ils peuvent être réfléchis, non réfléchis, réciproques ou employés avec un sens passif.
Les verbes accidentellement pronominaux réfléchis
Un verbe réfléchi est un verbe dont le sujet est le bénéficiaire de l'action. Les verbes de cette catégorie, dans leur forme simple, peuvent être accompagnés d'un COD : laver quelque chose. Si le verbe pronominal réfléchi a un COD placé après lui, son participe passé est invariable :
Les auteurs de ce livre se sont lavé les mains des conséquences de sa publication.
Naturellement, si le COD est placé avant le verbe, le participe passé est variable :
La veste que Jo s'est lavée portait des taches de sauce tomate.
Les verbes accidentellement pronominaux non réfléchis
Il s'agit ici de verbes dont le sens change quand ils passent de simples à pronominaux, comme s'attaquer à "commencer", se rendre "aller", etc. (voir, plus loin, une liste non exhaustive de ces verbes). Le pronom se ne peut être analysé ni comme COD ni comme COI, et le participe passé de ces verbes est variable :
Elle s'est plainte sans arrêt.
Les deux petits garçons se sont saisis du ballon.
Comment s'y est-elle prise pour faire une telle bêtise ?
La plaignante s'est prévalue de ses droits.
Les verbes accidentellement pronominaux réciproques
Un verbe réciproque est un verbe qui est transitif à la forme simple et dont le sujet au pluriel indique plusieurs bénéficiaires de l'action. Si ce verbe a un COD placé après lui, son participe passé est invariable :
Les candidats à la primaire se sont donné des noms d'oiseaux.
Mais si le COD est antéposé, le participe passé est variable :
Tu aurais entendu les noms d'oiseaux qu'ils se sont donnés !
Toutefois, cette règle générale a des exceptions ; en effet, certains verbes réciproques ont un participe passé invariable car, dans leur forme simple, ils ne se construisent pas avec un COD mais avec un COI, lequel COI est souvent implicite dans la forme pronominale. On peut citer se complaire, se convenir, se déplaire, se faire mal, se mentir, se nuire, se parler, se plaire, se ressembler, se rire, se sourire, se succéder, se suffire, se survivre, se téléphoner, s'en vouloir, etc. :
Plusieurs rois se sont succédé sur le trône de France.
Elles se sont plu dès le premier regard.
Ils sont longtemps restés fâchés, mais ils se sont récemment de nouveau parlé.[1]
Pour savoir si l'on a affaire à un verbe accidentellement pronominal, on emploie le verbe en question à la forme simple. Si le pronom se commute avec le, la ou les, le participe passé est variable :
Léa s'est lavée ; sa robe, Léa l'a lavée.
– Mais si le pronom se commute avec lui ou avec leur, le participe passé est invariable :
Ces rois se sont succédé ; ce roi lui a succédé.
Notons qu'un même verbe peut appartenir à deux catégories différentes (voir le paragraphe n°3) :
– verbe accidentellement pronominal non réfléchi, avec accord :
Ils se sont adressés à l'hôtesse.
– verbe accidentellement pronominal réciproque, sans accord :
Ils se sont adressé des noms d'oiseaux.
Les verbes pronominaux de sens passif
Un verbe pronominal de sens passif est un verbe dont le sujet grammatical n'est pas le sujet agissant. Le participe passé d'un verbe pronominal de ce type est variable :
Ces vêtements se sont fabriqués en France dans les années soixante.
(= ces vêtements ont été fabriqués).
Verbes pronominaux particuliers
Certains verbes ou locutions verbales ont un comportement particulier selon le sens qu'ils ont ou selon la place de leur complément d'objet direct éventuel. Le problème vient de ce que nombre de locuteurs prennent uniquement en compte leur aspect pronominal et accordent systématiquement le participe passé avec le sujet, alors qu'il est essentiel, pour accorder correctement, d'identifier le véritable COD de ces phrases, s'il y en a un, ainsi que sa place par rapport au verbe.
S'adresser
Lorsque s'adresser signifie "parler à", son participe passé est variable :
Les journalistes se sont adressés au vainqueur de l'élection.
Mais lorsque s'adresser signifie "échanger des propos", l'accord du participe dépend de la place du COD :
Pendant ce temps, les perdants se sont adressé des injures.
Tu aurais entendu les injures qu'ils se sont adressées !
S'assurer
Lorsque s'assurer signifie "signer un contrat avec une compagnie d'assurance" ou lorsqu'il est suivi d'une proposition complétive, le participe passé est variable :
Ces entreprises se sont assurées contre le vol des données informatiques.
Avant de partir, les ministres se sont assurés qu'ils avaient détruit tous les dossiers.
Mais lorsque s'assurer a un COD nominal, il s'accorde en fonction de la place de celui-ci :
Avant l'élection, le candidat s'est assuré l'aide indéfectible des médias.
Les soutiens que le candidat s'était assurés l'ont bien aidé.
S'autoriser
Pour s'autoriser également, l'accord dépend de la nature et de la place du COD. Si celui-ci est une complétive à l'infinitif, le participe passé est variable :
Elle s'est autorisée à faire une pause.
Mais en présence d'un COD de forme nominale, le participe passé s'accorde selon la place de ce dernier :
Elle s'est autorisé une pause.
La pause qu'elle s'est autorisée lui a fait beaucoup de bien.
Se cogner
Lorsque se cogner signifie "se heurter à quelque chose" et qu'il n'a pas de COD, son participe est variable :
Léa s'est cognée.
Léa s'est cognée au gros orteil.
Naturellement, lorsque se cogner a un COD postposé, son participe est invariable :
Léa s'est cogné le gros orteil.
Mais si se cogner signifie "se battre, se bagarrer", s'il est accompagné de dessus, et vu qu'il a nécessairement un sujet au pluriel, son participe passé est invariable :
Après le débat télévisé, les candidats à la primaire se sont cogné dessus.
(= l'un a cogné sur l'autre).
Toutefois, en l'absence de l'adverbe dessus, le participe redevient variable, à l'instar des premiers cas analysés dans ce paragraphe :
Les candidats à la primaire se sont cognés.
Se dire
Lorsque le COD de se dire est placé après le participe passé, celui-ci est invariable, que le complément soit une complétive ou un complément nominal :
La candidate s'est dit qu'elle devrait se reposer.
Les participants au débat se sont dit des horreurs pendant toute la soirée.
Mais lorsque se dire est suivi d'un adjectif ou d'un participe adjectivé, on considère que ce dernier est un attribut du sujet et, de ce fait, le participe passé devient variable :
La candidate s'est dite ravie de son élection.
Se disputer
Quand se disputer signifie "se quereller", le participe passé est variable :
Les candidates à la primaire se sont disputées avec leurs adversaires.
Toutefois, quand se disputer a le sens de "chercher à obtenir quelque chose", c'est la règle traditionnelle de l'accord en fonction de la place du COD qui prévaut :
Les deux actrices se sont disputé des invitations pour la soirée de l'ambassadeur.
Las, les invitations qu'elles se sont disputées étaient des faux.
S'imaginer
Lorsque s'imaginer a la signification de "penser, croire", le participe passé est invariable si le verbe est suivi d'une complétive ou d'un COD nominal :
Ma sœur s'était imaginé qu'elle aurait fini son travail en une heure.
Nous nous étions imaginé une fin plus gaie pour ce roman.
Mais lorsque s'imaginer a le sens de "avoir une certaine représentation de soi" et que le complément qui le suit ne répond pas à la question quoi ? ou qui ?, le participe passé est toujours variable :
Pendant longtemps, la starlette s'est imaginée dans un conte de fées.
S'interdire
Dans l'expression s'interdire de faire quelque chose, le participe passé est invariable lorsque le complément nominal ou phrastique qui le suit répond à la question quoi ? ou qui ? :
Ils se sont interdit d'aller à cette soirée ennuyeuse.
Naturellement, si le COD est antéposé au verbe, le participe passé est variable :
La sortie qu'ils se sont interdite n'était finalement pas très importante.
Se mettre en danger
Dans la locution verbale se mettre en danger, le pronom réfléchi se est le COD du verbe. De ce fait, le participe passé est variable :
Les vedettes disent toujours qu'elles se sont mises en danger.
Se mettre en tête
Dans la locution se mettre en tête, le participe passé s'accorde selon la place du COD :
Léa s'est mis en tête d'acheter une voiture de sport.
Quelle drôle d'idée elle s'est mise en tête !
Se permettre
Le participe passé du verbe se permettre s'accorde également selon la place du COD :
La journaliste s'est permis de parler au président.
Cette sortie, ils se la sont permise, alors qu'ils ne roulent pas sur l'or.
Se persuader
Comme beaucoup d'autres verbes, se persuader a un participe passé variable ou invariable selon la place de son COD. Dans la phrase suivante, en est COI, le pronom personnel se antéposé est le COD, et le participe passé est donc variable :
De cette possibilité, ils s'en sont persuadés à tort.
Toutefois, lorsque se persuader est suivi d'une proposition complétive qui joue le rôle d'un COD, le participe passé doit normalement être invariable :
Léa et Éva se sont persuadé qu'elles arriveraient en retard au cinéma.
Nous avons dit "normalement", car l'Académie accepte l'accord, ce qui est bien étonnant : en effet, accorder le participe passé persuadé revient à avoir deux COD pour le même verbe, qu'elles arriveraient et le pronom se, chose impossible en français. Mais se persuader est ressenti comme verbe réfléchi, d'où l'aval de l'Académie, même si cela entraîne la présence de deux COD pour un seul verbe. On a donc le droit d'écrire Elles se sont persuadées qu'elles arriveraient en retard. Toutefois, deux COD nous semblant être trop pour un seul verbe, nous conseillons l'invariabilité de persuadé dans ce genre de cas, ou bien une formulation différente, afin de respecter la grammaire :[2]
Léa et Éva se sont persuadées de la probabilité d'une arrivée tardive au cinéma.
S'en prendre à quelqu'un ou à quelque chose
Cette expression, qui signifie "attaquer oralement", contient les pronoms se et en, tous deux considérés comme n'ayant pas de fonction grammaticale. S'en prendre à ressortit donc à la catégorie des verbes essentiellement pronominaux ; de ce fait, son participe passé est variable :
Les deux filles s'en sont prises au serveur qui avait oublié leur commande.
Se promettre
Se promettre fait, lui aussi, partie de ces verbes pronominaux dont l'accord du participe passé est fonction de la place du COD dans la phrase :
Elles se sont promis de retourner bientôt dans cette boîte de nuit.
La sortie qu'elles s'étaient promise fut en réalité bien décevante.
Se proposer
Lorsque se proposer a le sens de "se fixer comme objectif", son participe suit la règle traditionnelle de l'accord :
La journaliste s'est proposé d'interroger le ministre.
La date limite qu'ils s'étaient proposée n'est finalement pas bonne.
Mais lorsque se proposer signifie "offrir ses services", le participe passé est toujours variable :
La présidente s'est proposée pour prononcer le discours.
Se rappeler
Lorsque se rappeler a pour sens "se remettre en mémoire", son participe passé respecte la règle traditionnelle de l'accord selon la place du COD :
L'ancienne concubine s'est rappelé avoir distribué des photos à la presse.
Ses indications, je me les suis rappelées à temps.
Mais lorsque se rappeler signifie "rappeler le souvenir de soi à un tiers", le participe passé est toujours variable :
Les juges se sont rappelés au bon souvenir du politicien véreux.
Se refuser
Dans l'expression se refuser à faire quelque chose "ne pas vouloir faire quelque chose", le participe passé est variable :
Les invités se sont refusés à participer au débat télévisé.
Cependant, dans l'expression se refuser de faire quelque chose "s'interdire de faire quelque chose", le participe reste invariable :
Nous nous sommes refusé d'y aller.
On notera que, dans la locution ne rien se refuser, rien est complément d'objet direct et se complément d'objet indirect ; de ce fait, le participe passé reste invariable :
Une fois de plus, elle ne s'est rien refusé.
Se rendre compte
Dans cette locution verbale, le participe passé rendu est toujours invariable car le COD est le nom compte :
Les électeurs se sont rendu compte qu'on leur avait menti.
Se répartir
En ce qui concerne se répartir, l'accord dépend de la place du complément :
Les actionnaires se sont réparti de juteux bénéfices.
Les joueurs se sont répartis en deux équipes.
Se servir
Quand se servir a le sens de "prendre pour soi", son participe s'accorde selon l'emplacement du COD :
Léa s'est servi du lait.
Tu aurais vu l'assiette de pâtes qu'il s'est servie !
Mais quand se servir a le sens de "utiliser", son participe s'accorde avec le sujet :
Léa s'est servie du lait pour faire des crêpes.
Se trouver court
Dans cette expression, de même que dans demeurer court ou rester court, le participe passé trouvé est variable mais court ne s'accorde pas :
Face aux journalistes, les participants du débat se sont trouvés court.
S'en vouloir
La locution s'en vouloir doit être comprise comme "en vouloir à soi-même". De ce fait, le pronom se est le COI du verbe, et le participe passé est invariable :
Longtemps, elle s'en est voulu, mais aujourd'hui elle se moque de cette histoire.
Cas particulier de se faire
Lorsque se faire est accompagné d'un COD, l'accord suit la règle traditionnelle :
L'opinion qu'ils s'étaient faite au sujet de leur nouveau voisin était fondée.
Ils se sont fait de nouvelles relations bien utiles.
Toutefois, se faire entre dans la composition de plusieurs locutions présentant des particularités qu'il convient de connaître.
Se faire à quelque chose
Dans cette locution verbale qui signifie "se résigner", le participe passé est toujours variable :
La journaliste s'est faite à l'idée de devoir attendre son invité pendant une heure.
Se faire fort de faire quelque chose
Cette expression, qui signifie "se penser capable de faire quelque chose", est une locution figée dont le participe passé, tout comme fort, est invariable, n'en déplaise à Grevisse qui voudrait bien faire varier fort :
Nos amis se sont fait fort d'arriver à l'heure en dépit de la neige.
Se faire l'écho de quelque chose
L'expression se faire l'écho de quelque chose "propager quelque chose" peut avoir un participe passé variable ou non, les grammairiens étant en désaccord total sur ce point ; Hanse, Thomas, Robert et le Grand Larousse de la Langue française considèrent que le participe passé doit rester invariable, mais Grevisse se demande « pourquoi il ne pourrait pas être variable ». Aussi, pour calmer les esprits, les deux phrases suivantes sont-elles acceptées :
Elle s'est fait l'écho de cette nouvelle.
Elle s'est faite l'écho de cette nouvelle.[3]
Se faire face, se faire jour, se faire mal, se mettre à dos, etc.
Le participe passé de ces expressions figées est invariable car les noms face, jour, etc., sont toujours postposés, tandis que le pronom se est COI :
Les deux adversaires se sont fait face.
Des frictions se sont fait jour entre les antagonistes.
Ils se sont fait mal en jouant au ballon.
La journaliste s'est mis ses confrères à dos.
Se faire "devenir" suivi d'un adjectif ou d'un nom
Lorsqu'un adjectif ou un nom suit se faire "devenir" et peut être analysé comme attribut du pronom se, le participe passé fait s'accorde avec le sujet et est donc variable :
La journaliste s'est faite belle pour animer le débat.
Les fils de nos voisins se sont faits diplomates.
S'en faire
Dans l'expression familière s'en faire "se faire du souci", le participe passé est invariable car le pronom en en position de COD interdit tout accord :
À cause de leur vieille voiture, ils s'en sont fait pendant toutes leurs vacances.
Se refaire
Si se refaire a le sens de "sortir d'une période de gêne financière", son participe passé est variable car le pronom se est le COD du verbe :
Grâce à leur gain à la loterie, elles se sont refaites.
Naturellement, si se refaire est suivi d'un COD et a un autre sens, son participe passé est invariable :
Ils se sont refait une santé durant leurs vacances à la mer.
Elle s'est refait une beauté, puis elle est partie.
Verbes pronominaux suivis d'un infinitif
Se faire suivi d'un infinitif
Qu'il soit employé avec l'auxiliaire avoir ou avec l'auxiliaire être, sous forme simple ou sous forme pronominale, le participe passé fait suivi d'un infinitif est toujours invariable :
Les ministres se sont fait remonter les bretelles par le président.
La cliente s'est fait avoir par un garagiste malhonnête.
Se laisser, se sentir, se voir, etc., suivis d'un infinitif
Parmi les autres verbes pronominaux suivis d'un infinitif, on compte notamment se voir, s'entendre, se laisser et se sentir. Lorsque le sujet de l'un de ces verbes est le sujet sémantique de l'infinitif, le participe passé est variable :
Ils se sont vus mourir de rire en écoutant les informations.
De stupéfaction, elle s'est laissée tomber sur le canapé.
Mais lorsque le sujet du verbe pronominal n'est pas le sujet sémantique de l'infinitif, le participe passé est invariable :
Ils se sont vu condamner par une presse hargneuse.
Après avoir empoché le gros lot, la gagnante s'est senti pousser des ailes.
Une fois de plus, les électeurs se sont laissé embobiner.
La variabilité ou l'invariabilité de l'infinitif introduit une différence de sens notable. On peut ainsi comparer :
La grammairienne s'est entendue dire merci (c'est elle qui a remercié quelqu'un).
La grammairienne s'est entendu dire merci (quelqu'un l'a remerciée).
Verbes pronominaux suivis d'un attribut
Lorsqu'un adjectif ou un participe passé suit le verbe conjugué et peut être analysé comme attribut du pronom réfléchi se, le participe passé est variable et s'accorde avec le sujet :
Ma voisine s'est toujours crue très intelligente.
La présidente s'est vue acclamée par ses partisans.
Verbes pronominaux et verbes sous-entendus
Suivi d'un infinitif sous-entendu, un participe passé est toujours invariable. Les participes passés concernés sont notamment cru, daigné, demandé, désiré, dit, dû, fallu, osé, pensé, permis, prétendu, promis, prévu, pu, semblé, songé, su, voulu :
Il faut faire les choses qu'on s'est promis (sous-entendu : de faire).
Construction pronominale familière
Dans cette construction, lorsque le verbe pronominal peut être remplacé par sa forme simple, le participe passé reste invariable si le COD est placé après ce dernier :
Ma sœur s'est acheté une voiture de sport.
Naturellement, si le COD est antéposé, la règle classique de l'accord s'applique, et le participe passé devient variable :
Toutes les voitures que ma sœur s'est achetées lui ont coûté une petite fortune.
[1] Toutefois, lorsque se parler a le sens de "faire partie de l'usage oral", le participe passé s'accorde car il s'agit d'un verbe pronominal de sens passif : Au fil des siècles, plusieurs langues se sont parlées sur le territoire français.
[2] Notons que Grevisse considère l'accord de persuadé comme facultatif.
[3] Il convient cependant de ne pas confondre se faire l'écho de "propager" et faire écho à "répliquer".
La liaison
En français, une liaison vocale peut se faire entre un mot terminé par une consonne et un second mot commençant par une voyelle ou par un h muet, à condition que ces deux mots soient liés grammaticalement. Les noms propres sont également soumis à la liaison.
Traditionnellement, on considère qu'il existe trois sortes de liaisons : la liaison obligatoire, la liaison facultative et la liaison interdite. Toutefois, la frontière entre liaison facultative et liaison interdite est souvent poreuse car tous les grammairiens ne sont pas d'accord sur tel ou tel cas ; aussi avons-nous créé une quatrième catégorie que nous avons appelée "Les conflits". Il s'agit en effet de cas hautement litigieux pour lesquels on ne trouve aucune majorité de grammairiens, si faible soit-elle, qui préconisent l'obligation ou l'interdiction de la liaison en question.
Dans les paragraphes qui suivent, les parties de mots qui font l'objet d'une liaison sont en gras. L'absence de liaison est matérialisée par un X, également en gras.
Liaisons obligatoires
Nous présentons ici ce que l'on appelle les liaisons obligatoires. Remarquons, et cela est assez rare pour être souligné, que la quasi-totalité des grammairiens sont d'accord sur les liaisons qui doivent être faites. Ajoutons ici une note de l'Académie : « dans le reste des cas, on peut choisir de faire ou non la liaison mais celle-ci est plutôt la marque d’un langage soutenu. »
Verbes
verbe + en ou y liés grammaticalement [1] |
Courons-y. Donnez-en. |
verbe terminé par -rt ou -t et suivi de il(s), elle(s)ou on |
Quand sort-elle ? Quand dort-on ? Étaient-ils présents ? |
être suivi d'un attribut [2] |
Toulon est une belle ville. Vous êtes idiot, mon ami. |
être dans formes impersonnelles + mot suivant |
Il est évident que Léo va sortir. C’est à voir. |
avoir ou être + participe passé [3] |
Ils ont adoré le spectacle. Nous sommes arrivés à l'heure. |
Adjectifs et noms
adjectif singulier + nom singulier |
Un joyeux enfant jouait dans la cour. |
adjectif pluriel + nom pluriel |
Léa range de vieilles affaires. |
nom pluriel + adjectif pluriel |
Ce sont des gens heureux. |
Articles et pronoms
un, une, deux, trois, premier, etc. des, les, ces mon, ton, son, mes, tes, ses, nos, vos, leurs aux, aucun, tout, quels, quelles, quelques, plusieurs, et autres pronoms au pluriel [4] |
Léo a un oiseau. Ce sont des amis fidèles. Voici mon animal préféré. Il a plusieurs avis sur la question. |
deux pronoms consécutifs |
Vous en mangez souvent ? Allez-vous-en ! |
on, nous, vous, il, ils, elle, elles sujet ou complément + verbe |
On a tout compris. Vous avez le téléphone ? Ils en ont, de l'énergie. |
Conjonctions, prépositions et pronoms relatifs
quand + est-ce que |
Quand est-ce qu'on arrive ? |
quand + voyelle |
Quand il est là, nous sommes contents. |
comment dans cette seule question[5] |
Comment allez-vous ? |
dont + mot suivant |
C'est le sujet dont il est question |
après presque toutes les prépositions d'une syllabe : chez, dans, dès, en, sans, sous, etc. |
Elle vit dans un vieux château. Ils rentrent chez eux en vitesse. Léo est arrivé en avance. |
liaison facultative après polysyllabes |
Après une heure de travail, il a fini. Léo a travaillé pendant une semaine. |
mais |
Il est riche, mais aussi intelligent. |
Remarque : théoriquement, ces mots peuvent se lier à un nom propre, mais, dans la pratique, c'est l'absence de liaison qui est le plus fréquente : tous sont venus, dont X Yves plutôt que dont Yves ; nous irons chez X Oscar plutôt que chez Oscar.
Adverbes
adverbe + adjectif |
Cette rue est trop étroite pour ma voiture. Max est plus occupé que Léo. Il a été très étonné de voir ça. |
adverbe + article |
Pas une seule ne s'est manifestée ! |
adverbe + participe passé |
Hier, on s'est bien amusés. |
adverbe (surtout monosyllabique) + adverbe |
Ils ne sont pas encore arrivés ? Pas aujourd'hui |
La liaison se rencontre également dans les catégories suivantes :
– dans certaines expressions figées et dans certaines locutions :
avant-hier c'est-à-dire de but en blanc de fond en comble [6] |
de haut en bas de plus en plus de temps à autre de temps en temps |
dos à dos droit au but mot à mot nuit et jour |
petit à petit peut-être plus ou moins quant à |
tout à coup tout à fait tout à l'heure |
– dans des noms composés, communs ou propres, parmi lesquels :[7]
bien-être croc-en-jambe |
États-Unis mieux-être |
Nations unies pied-à-terre |
porc-épic pot au feu |
sous-entendu vis-à-vis |
Liaisons facultatives
Certaines liaisons ne sont obligatoires que dans un langage soutenu (textes littéraires, discours, etc.) et, de ce fait, facultatives dans l'usage courant, sinon omises dans la langue familière ou chez des locuteurs peu instruits.
Toutefois, il n'y a en la matière guère de consensus entre les grammairiens, des liaisons facultatives pour certains devenant interdites sous la plume d'autres auteurs. Le tableau ci-dessous donne la synthèse la plus précise possible de toutes les recommandations faites à ce sujet. Les cas les plus controversés se trouvent dans la partie "Les conflits".
verbe de haute fréquence et mot suivant |
Nous irons avec eux. |
après une préposition d'au moins deux syllabes (facultative mais rare) |
Je l'ai attendu pendant un siècle ! |
après fort |
Vous êtes fort aimable. Ce garçon est fort habile. |
après soit répété |
Soit il est fatigué, soit il est paresseux. |
adverbe terminé par -ment + adjectif |
C'est terriblement intéressant. |
Liaisons interdites
verbe terminé par -er + mot suivant |
Tu aimes aller X au cinéma ? Il aime parler X en connaisseur. |
|
nom masculin singulier + adjectif |
C'est un étudiant X intelligent. |
|
nom singulier + préposition |
Voilà du courrier X à poster. |
|
sujet nominal ou quelqu'un + verbe |
Les étudiants X arrivent à huit heures. Quelqu'un X est entré. |
|
verbe + COD ou COI |
Léa écrit X une lettre à Eva. Les pompiers grimpent X à l'échelle. |
|
pronom inversé + mot suivant |
Sont-ils X arrivés à temps ? |
|
après le -s de la 2e personne du singulier du présent de l'indicatif ou du subjonctif |
Tu aimes X aller au cinéma ? Je ne veux pas que tu ailles X au cinéma. |
|
verbe + titre d'une œuvre |
Je voudrais X Une saison en enfer. |
|
certains adverbes + adjectif |
C'est vraiment X ennuyeux ! |
|
quand + verbe |
Quand X est-il arrivé ? |
|
comment + verbe [8] |
Comment X est-il venu ? |
|
combien + autre mot |
Combien X en voulez-vous ? |
|
avec le s du pluriel de locutions nominales ou de mots composés |
Il y avait des moulins X à vent. Des arcs X -en-ciel décoraient les nuées. |
|
devant un adjectif numéral[9], huit dans certains cas[10], huitième, onze et onzième |
Les numéros X un sont ravis. Les X huit enfants déjeunent. Les X onze footballeurs sont là. |
|
devant oui, ouï-dire, ouistiti, uhlan, ululement, ululer[11] |
Les X "oui" l'ont emporté sur les "non". Ce ne sont que des X ouï-dire. |
|
article au pluriel + lettre de l'alphabet |
Il a mis les points sur les X i. |
|
devant certains mots commençant par les sons /j/ ou /w/ |
Elle adore les X yaourts. Tu veux un X whisky ? |
|
article + sigle ou dérivé de sigle commençant par r ou par s |
Son cousin est un X Rmiste notoire. Un X SDF demandait l'aumône. |
|
avec le s ou le t final des mots terminés par -rs ou par -rt [12] |
Tu pars X à dix heures; aujourd'hui ? De part X en part. |
|
dans certaines expressions figées |
Ils se retrouvèrent nez X à nez. Ce n'est qu'un bon X à rien. Corps X à corps. |
|
et + tout autre mot |
Il y avait une fille et X un garçon. |
|
après à travers, ci-inclus, envers, hormis, hors, non compris, selon, vers |
Selon X elle, c'est raté. Marcher à travers X un champ. |
|
après deux, trois, six, dix et vingt dans les dates[13] |
Ils se marièrent le trois X août. Puis divorcèrent un vingt X octobre. |
|
entre des mots séparés par un signe de ponctuation |
Hommes, femmes, X enfants, écoutez-moi ! |
|
devant le h aspiré |
Les X héros sont fatigués. |
Remarque : la liaison se fait toutefois dans le syntagme fait accompli, bien que sa tête soit un nom masculin singulier.
Conflits
Comme nous l'avons évoqué dans l'introduction, nous donnons le nom de conflits aux cas litigieux ; certains sont d'ailleurs présents dans les tableaux précédents. En effet, il semble bien difficile, sinon impossible, de trouver un terrain d'entente entre les différents grammairiens au sujet de quelques liaisons, une même liaison pouvant être interdite, facultative ou conseillée sous la plume de trois chercheurs différents, ce qui ne peut aider à résoudre le problème. Nous présentons ici ces principaux désaccords.
Sujet du conflit |
Avec liaison |
Sans liaison |
verbe à finale en -er et mot suivant |
J'aimerais dîner avec eux. |
J'aimerais dîner X avec eux. |
nom au pluriel + adjectif |
Des enfants agréables. |
Des enfants X agréables. |
nom au pluriel + son complément |
Des gens en colère. |
Des gens X en colère. |
verbe + complément [14] |
Elle prend un billet. Ils vont à Paris. Ils prennent une bière. |
Elle prend X un billet. Ils vont X à Paris. Ils prennent X une bière. |
proximité de plusieurs liaisons |
Les uns et les autres. |
Les uns X et les autres. |
après as du passé composé |
Tu as acheté du pain ? |
Tu as X acheté du pain ? |
après cent |
Ils ont cent animaux. |
Ils ont cent X animaux.[15] |
Liaison et changement de prononciation
La liaison n’affecte pas la prononciation de la plupart des lettres. Il en va ainsi des consonnes c, f, n, p, q, r, t et z qui ne subissent aucun changement phonique en contexte de liaison.
En revanche, quatre consonnes voient leur prononciation modifiée par la liaison :
– d est prononcé /t/ : un grand /t/ ami ;
– f est prononcé /v/ devant an et heure : neuf /v/ ans, neuf /v/ heures ;
– s est prononcé /z/ : divers /z/ avis ;
– x est également prononcé /z/ : dix /z/ ans.
Questions diverses
Les adjectifs à deux formes
Il existe en français quelques adjectifs qui ont une seconde forme de masculin singulier, utilisée pour éviter l'hiatus et faire ainsi la liaison avec le nom suivant qui commence par une voyelle :
beau > bel : un bel oiseau
fou > fol : un fol espoir
mou > mol : un mol enthousiasme
nouveau > nouvel : un nouvel appartement
vieux > vieil : un vieil ami
Notons que, même quand le nom est éloigné de l'un de ces adjectifs, notamment en raison de la présence d'un autre adjectif, la forme alternative doit être conservée :
Il a acheté un nouvel et puissant ordinateur.
Les liaisons exceptionnelles
La lettre p ne se lie pas sauf celle des mots beaucoup et trop :
Il n'a pas beaucoup appris de ses échecs.
Il est trop heureux pour le cacher.
Le c se lie dans de rares mots, notamment dans arc-en-ciel et croc-en-jambe. Le nom porc ne se lie jamais sauf dans porc-épic. Lorsque ces noms sont au pluriel, ils conservent la prononciation du c : des arcs-en-ciel, des crocs-en-jambe, des porcs-épics.
Le c de cinq et de donc se lie devant une voyelle. Dans les autres contextes, il n'est pas prononcé.
Le t graphique
On ajoute un t lorsqu'une forme verbale, terminée par une voyelle, est suivie par il ou par elle exclusivement :
Léo arrivera-t-il à temps à la gare ?
Cette règle ne s'applique pas aux noms propres :
"J'arrive !", s'exclama Eva.
Mais on n'ajoute pas ce t graphique lorsque la forme verbale se termine par un d ou par un t, qui se prononcent tous deux /t/ :
Léo prend-il ses vacances en juillet ou en août ?
Vient-il demain, à la soirée de Léa ?
Les liaisons du n
Lors d'une liaison, un mot terminé par -on doit normalement être dénasalisé, le o se prononçant ouvert comme dans bol. Toutefois, on remarquera la tendance contemporaine à maintenir la prononciation nasale et à articuler un bon /õ/ élève alors que, dans ce contexte, bon devrait être prononcé comme bonne.
Lorsqu'il se trouve dans un nom composé, non doit être dénasalisé et prononcé comme nonne, mais cette norme est de moins en moins respectée.
En revanche, quatre mots terminés par -on doivent conserver la nasalisation lors de la liaison. Il s'agit de on, mon, ton, son :
On a vu. Mon ami. Ton amie. Son auto.
Par ailleurs, quand il se trouve dans une liaison, en doit rester nasalisé :
En été, il en a vu.
En ce qui concerne la finale -in, il existe deux syntagmes anciens dans lesquels la liaison donne la prononciation /in/ : le divin Enfant (prononcé comme divine enfant) et le divin Homère (prononcé comme divine). Pourtant, certains prononcent divin X Homère, alors que le h d'Homère est muet.
Enfin, la prononciation est fluctuante pour les finales -ain, -ien et -yen lors d'une liaison : certain, Moyen Âge et plein sont dénasalisés, mais ancien, bien et rien doivent être prononcés avec nasalisation.
Fautes de liaison
Les fautes de liaison apparaissent lorsqu'on introduit entre deux mots une consonne qui n'est présente ni à la fin du premier, ni au début du second. Ces fautes sont généralement causées par la rencontre de deux voyelles, aussi appelée hiatus : pour éviter cette rencontre, on insère une consonne de liaison fictive et donc fautive. On peut expliquer ces fautes par l'analogie : si l'on dit deux-z-amis, trois-z-amis, il semble logique, dans le parler populaire, d'évoquer quatre-z-amis.
Il existe trois sortes de fautes de liaison :
– le cuir : prononciation d'un /t/à la place d’un /z/ ou insertion d'un /t/ entre deux voyelles :
Léo s'est mis-t-à étudier le piano et il a-t-été à Paris.
– le velours : prononciation d'un /z/ à la place d’un /t/ ou ajout d'un /z/ imaginaire :
J'en ai eu pour vingt-z-euros au marché, aujourd’hui-z-encore.[16]
– la psilose : erreur consistant à ne pas respecter le h aspiré :
Il y avait des-z-Hollandais et des-z-handicapés.
On aura remarqué que, dans la langue courante, la liaison se perd ; c'est ainsi que l'on entend dans X un mois et non dans-z-un mois, prononciation correcte.[17]
Par ailleurs, il n’y a aucune raison pour ne pas faire les liaisons régulières avec euro qui est, rappelons-le, un nom commun comme un autre :
– cent euros doit être prononcé cent-t-euros ;
– vingt euros doit être prononcé vingt-t-euros.
La liaison est utile car faire une liaison correcte peut permettre de distinguer les catégories grammaticales :
– un savant Anglais : liaison car il s'agit d'une séquence adjectif + nom ;
– un savant X anglais : absence de liaison car il s'agit d'une séquence nom + adjectif.
Comparons aussi les deux phrases suivantes :
– Je voudrais une vie pleine "j'aimerais avoir une existence bien remplie" ;
– Je voudrais X Une Vie pleine "je recherche l'ouvrage intitulé Une Vie pleine".
[1] Il n'y a pas de liaison dans une phrase comme Allez X y faire un tour, car y n'est pas complément d'allez, donc non lié grammaticalement à lui,mais de faire.
[2] Certains grammairiens considèrent toutefois qu'il s'agit là d'un cas de liaison facultative, mais nous conseillons la liaison car il y a un lien sémantique fort entre être et l'attribut.
[3] Liaison toutefois considérée comme facultative par certains grammairiens mais, comme le dit l'Académie, cela est de meilleure langue.
[4] Avec aucun, bien, en, non, on, rien, un et les articles possessifs, la voyelle nasale de ces mots reste généralement nasale dans le parler, même si certains grammairiens préconisent la dénasalisation.
[5] Dans tous les autres cas où comment introduit une question, il n'y a pas de liaison : Comment X est-il arrivé ?
[6] Quand il fait l'objet d'une liaison, un d final se prononce /t/.
[7] Lorsque ces noms composés sont au pluriel, le s du premier mot n'est pas prononcé. Ainsi, dans des crocs-en-jambe, on continue d'articuler le c final de crocs, mais non le s. Cela se produit également pour pied-à-terre, porc-épic, pot au feu.
[8] La seule exception à cette règle est la question Comment allez-vous ?
[9] Il y a conflit pour les uns et les autres : certains grammairiens préfèrent les uns X et les autres, afin d'éviter une succession de trois liaisons. Mais les locuteurs qui adorent le langage châtié font ces trois liaisons, comme ils font celles entre une lettre normalement muette et la voyelle qui la suit : pars avec lui, les jours et les nuits.
[10] On fait toutefois la liaison dans dix-huit.
[11] La liaison est toutefois permise devant d'autres mots commençant par une diphtongue ; il s'agit des mots ouailles, ouest, ouïe, ouïr : le bon curé accueille ses ouailles.
[12] Dans ces mots, ce sont le r ou le s qui sont prononcés dans la liaison.
[13] Cette prononciation semble de nos jours en perte, au profit de la liaison.
[14] Pour compliquer encore un peu plus la situation, l'Académie préconise systématiquement la liaison entre le verbe et son complément, ce que condamnent la plupart des linguistes contemporains. Parfois, la vie n'est pas simple. Le locuteur n'a d'autre possibilité que de choisir son camp.
[15] Le cas de cent est particulièrement épineux. Certains grammairiens interdisent la liaison si cent est suivi d'un nom commun ou d'un autre adjectif numéral cardinal : cent X idées, cent X un ans. Mais tous sont cependant d'accord pour imposer la liaison entre cent et ans : ce livre a cent ans.
On notera par ailleurs que la liaison est interdite entre cent et un adjectif numéral ordinal : il a fait sa cent X unième bêtise.
[16] Le cuir et le velours sont aussi appelés des pataquès.
[17] À l'inverse, on veillera à ne pas prononcer dans le vide une consonne qui va faire liaison. Il est incorrect de faire durer le son /z/ de dans et de laisser un silence avant de poursuivre sa phrase.