Françoise NORE

Françoise NORE

Questions de vocabulaire

Cette catégorie traite uniquement de faits lexicaux pouvant poser problème : graphies, accords, sens ...


Réceptionner et recevoir

     Le verbe réceptionner désigne l'action de procéder à plusieurs opérations quand on reçoit une commande : on la vérifie, éventuellement on l'enregistre, etc. Mais comme l'une des modes langagières actuelles consiste en l'adoration des verbes en -tionner, il n'en fallait pas davantage pour que réceptionner fût mis à toutes les sauces. On réceptionne donc une lettre aussi bien qu'un ami, l'équipe de foot de Tirdan-Lepetifilé réceptionne l'équipe de Penne-Halty (les journalistes sportifs, toujours en verve, évoquent d'ailleurs la réception d'une équipe adverse), etc. L'engouement pour réceptionner est d'ailleurs assez ancien car la première attestation de réceptionner un ballon durant une rencontre remonte à 1924.

 

     On aura compris que réceptionner doit être réservé aux colis, aux marchandises, tous objets qui impliquent quelques formalités. Dans tous les autres cas, on utilisera recevoir, qui est de fort bon aloi.

 

 

Cet article est extrait de l'ouvrage suivant :

 

Dictionnaire du bon français contemporain, avec des exemples effrontés et des commentaires insolents

 

 

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05/01/2016
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Protagoniste

     Le nom protagoniste, généralement employé au masculin, a d'abord désigné l'acteur qui joue le premier rôle dans une tragédie grecque. Par extension, protagoniste se dit aussi du personnage principal de toute œuvre de fiction ainsi que d'une personne réelle jouant le premier rôle dans quelque action. Il ne peut donc y avoir, au pied de la lettre, qu'un seul protagoniste par œuvre ou par situation.

 

     De ce fait, évoquer un principal protagoniste est pléonastique ; on parlera plutôt d'un principal intéressé ou d'un personnage principal même si principal protagoniste s'entend de plus en plus. On remarque que l'Académie semble se plier à ce nouvel usage puisque, dans la neuvième édition en cours de rédaction de son Dictionnaire, les Immortels glosent ainsi protagoniste : "toute personne qui tient une place importante dans une affaire". Pour une fois, on ne suivra pas l'Académie et l'on conservera à protagoniste son sens premier de "personnage principal".

 

     Par ailleurs, on ne confondra pas protagoniste avec antagoniste "personne qui s'oppose à une autre".

 

     Notons qu'il est également pléonastique d'évoquer un héros principal ; on se contentera d'un personnage principal, ce qui est parfait.

 

 

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31/12/2015
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Piste ou tarmac ?

     Contrairement à une idée reçue, les noms piste et tarmac ne désignent pas la même réalité.

 

     Une piste est un terrain aménagé pour le décollage et l'atterrissage des avions. Le tarmac, abréviation de tarmacadam, formé de l’anglais tar "goudron" et de macadam, est la partie de l'aéroport où les avions stationnent et circulent. Il est donc fautif d'évoquer un avion qui décolle du tarmac, contrairement à ce que l'on peut entendre ou lire dans la presse. Probablement le nom tarmac est-il plus remarquable que le simplet piste.

 

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29/12/2015
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Pénates

     Le nom pénates, toujours au masculin pluriel, même si quelques bons écrivains l'ont utilisé au singulier, a pour sens "dieux protecteurs du foyer chez les Étrusques et les Romains", "statuettes représentant ces dieux" puis, par métonymie, "foyer, demeure", un sens que l'Académie qualifie de "familier et plaisant".

 

     On rencontre le nom pénates dans quelques expressions figées comme regagner ses pénates "rentrer chez soi". Pénates est aussi présent dans emporter ou installer ses pénates en un lieu "fixer sa demeure en un lieu". L'expression rentrer dans ses pénates n'a été incluse dans le dictionnaire de l'Académie qu'en 2011 non seulement en raison de son côté familier mais aussi à cause de son étrangeté ; pénates a pris certes le sens de "demeure", mais rentrer dans ses pénates pourrait s'entendre comme "rentrer dans ses dieux", et c'est pousser la métonymie un peu loin.

 

     Pour finir, gardons en mémoire le fait que des pénates sont des dieux ; on ne dira donc pas élire ses pénates en un lieu. Des divinités, même leur représentation sous forme de statuettes, cela ne s'élit pas, que diable.

 

 

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17/12/2015
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Clore et clôturer

     Les verbes clore et clôturer partagent l'idée de "fermer" quelque chose mais ils ont des rôles sémantiques différents.

 

     Clôturer, construit sur clôture, signifie "entourer un espace d'une clôture", donc "fermer un lieu". Toutefois, comme l'Académie le souligne, l'utiliser avec les sens métaphoriques de "mettre un terme à" ou "s'achever" (pour une conversation, un débat, un dossier, etc.), est abusif ; d'ailleurs, on dit bien le débat est clos et non le débat est clôturé. Pour ces emplois figurés, on doit utiliser clore et dire clore un compte, un congrès, etc. Bien sûr, clore s'utilise aussi au sens propre puisqu'on peut clore un jardin ; c'est d'ailleurs le seul cas où clore et clôturer sont synonymes (on notera que clore ne prend pas d'accent circonflexe sauf dans il clôt).

 

     L'explication de l'utilisation de clôturer avec un sens figuré s'explique probablement par la difficulté de conjugaison de clore, verbe défectif du troisième groupe dont les formes sont peu connues. Toutefois, même s'il est toujours plus facile de conjuguer un verbe du premier groupe, il convient de respecter les différents sens et de faire un effort pour utiliser clôturer dans les seuls cas où son emploi est légitime.

 

     Notons enfin que le nom clôture, qui peut bien sûr s'employer au sens propre d'"enceinte", s'utilise aussi au sens figuré de "fermeture d'un lieu" : il y avait tellement de beaux vêtements que j'ai fait la clôture du magasin ! Et c'est là que la banque peut clore le compte, si on abuse.

 

 

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05/12/2015
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